Mme Josiane Costes. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.
Si l'épisode de grande sécheresse qui sévit sur notre territoire depuis le printemps dernier commence tout juste à se clore, nous savons en revanche que ses conséquences risquent, hélas, de fragiliser encore nos agriculteurs dans les mois qui viennent. En effet, cet événement climatique a été d'une telle ampleur qu'il a rapidement plongé de nombreuses exploitations dans la difficulté, avec, en particulier, un effet domino pour les producteurs de fromages.
Dans le Cantal, la sécheresse a eu pour premier effet d'obliger les éleveurs à acheter prématurément du foin, dont le coût pèse très lourdement sur les trésoreries. Malgré cette charge, la plupart des exploitants se sont approvisionnés en fourrages pour faire face à leurs besoins. Néanmoins, beaucoup d'entre eux doivent maintenant renoncer à leur niveau habituel de production de fromages, faute d'un bon pâturage au cours de l'été. Je pense au Salers, notamment, dont le cahier des charges impose une herbe de qualité pour la nourriture des vaches.
Monsieur le ministre, je salue les annonces que vous avez faites la semaine dernière ici, au Sénat, sur les aides nationales qui viendront en complément des dispositifs européens destinés à alléger les charges des exploitants.
Nos exploitants ont vraiment besoin d'un soutien rapide et efficace.
Je souhaitais toutefois vous interroger sur ce qui pourrait être fait en amont pour limiter les effets de ces sécheresses, qui, on le sait, risquent d'être récurrentes en raison du réchauffement climatique. Je pense, en particulier, à la question du développement des retenues d'eau, que certains agriculteurs aimeraient voir encouragées. Quel regard portez-vous sur ces dispositifs ?
(Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. – MM. Bernard Cazeau et Arnaud de Belenet applaudissent également.)
M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Madame la sénatrice, je voudrais tout d'abord vous remercier pour le travail que vous effectuez au sein de la Haute Assemblée sur ces sujets.
Je me suis déjà exprimé la semaine dernière. Comme je l'avais dit, l'État est au rendez-vous de la sécheresse que subissent les agriculteurs. Des mesures ont été annoncées, notamment l'exonération de la taxe foncière. Des aides seront accordées et trois comités de calamités agricoles se réuniront, l'un en décembre, l'autre en janvier, le troisième en février, afin de répondre aux situations de détresse de toutes les exploitations.
Cette sécheresse est en effet terrible. Mais votre question portait aussi, plus largement, sur l'eau.
Nous ne pouvons pas continuer à regarder l'eau tomber pendant six mois, et à chercher de l'eau pendant les six mois suivants. Lors d'un déplacement dans la Meuse et dans les Vosges, la semaine dernière, nous avons pu observer la situation. Avec M. le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, et Mme la secrétaire d'État Emmanuelle Wargon, nous travaillons de concert sur les projets de territoire.
Dès janvier 2019, des études très précises seront faites, territoire par territoire, afin de savoir où en est la ressource en eau et quelles réserves il convient de constituer.
Lors des prochains mois, dans le cadre de la deuxième phase des Assises de l'eau, nous mènerons une large concertation réunissant nos deux ministères, mais aussi le Gouvernement dans son ensemble et les territoires, durant laquelle nous étudierons, avec l'aide des agences de l'eau, le moyen de répondre à ce défi qui est aujourd'hui majeur pour notre agriculture.
Le réchauffement climatique et la dérégulation du climat sont là ; il nous faut donc nous soucier de la ressource en eau.
Vous avez eu raison, madame la sénatrice, de poser cette question. Nous allons essayer d'apporter une réponse concrète et pragmatique, territoire par territoire, microterritoire par microterritoire. L'ère des grandes retenues d'eau est terminée : il n'y en aura plus. Il est possible, en revanche, de voir quelles sont les solutions au niveau des exploitations.
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à Mme Josiane Costes, pour la réplique, en dix-sept secondes.
Mme Josiane Costes. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Vous le savez, les agriculteurs souffrent. Ils ont déjà subi la crise des prix en 2015. Il ne faudrait pas que la sécheresse entraîne la destruction de centaines de fermes, et donc de productions qui sont le fleuron de notre gastronomie. (Applaudissements sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe Les Républicains. – Mme Michèle Vullien applaudit également.)
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