Interventions sur "événement"

15 interventions trouvées.

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

...ent aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, en l’occurrence avec leurs homologues des deux rives de la Méditerranée. La vérité devra aussi être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS, que certains, au sein même de l’UMP, sans parler de l’extrême droite, cherchent à réhabiliter. Ce qui s’est passé le 17 octobre 1961 n’était pas un événement isolé survenu en un lieu et en un moment unique, mais constituait le paroxysme d’une politique de guerre coloniale symbolisée par la mise en place du préfet de police Maurice Papon et couverte, voire encouragée, par les plus hautes instances de l’État. On a vu s’effectuer cette nuit-là, dans les rues de la capitale, une chasse à l’homme aboutissant à des assassinats ; c’est pourquoi je pense, co...

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

...s Panijel sont interdites. Le pouvoir en place, puis les gouvernements successifs organiseront l’oubli autant que possible et aussi longtemps que possible. Il faudra attendre l’arrivée de la gauche au pouvoir – vingt ans plus tard ! – pour que, le 17 octobre 1981, le journaliste Marcel Trillat diffuse, au cours du journal télévisé du soir, un reportage sur ce sujet, faisant soudain rejaillir ces événements dans la mémoire collective. En 1984, c’est le romancier Didier Daeninckx qui, dans son livre Meurtres pour mémoire, évoque ces événements, au fil d’une intrigue où s’entrecroisent l’histoire de la Résistance et celle du 17 octobre. Le 17 octobre 1991, une première manifestation d’ampleur a lieu dans le cadre de la commémoration de ces événements. Enfin, et c’est le premier acte de reco...

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

En prononçant ces mots, Christian Jacob se place dans la droite ligne de ceux qui n’ont jamais cessé de minimiser la responsabilité du pouvoir de l’époque dans le déroulement de ces événements. Je songe notamment à Bernard Lafay, pilier s’il en fut de la mouvance de l’Algérie française, qui, le 31 octobre 1961, déclarait : « Il n’est pas imaginable que le préfet de police – dont on connaît le respect des principes démocratiques ou seulement du droit naturel – ait pu décider sans motifs graves des mesures discriminatoires privant une partie de la population de l’exercice de ses libert...

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

...is je note que plusieurs rapports de police de l’époque en font état. Gérard Monate lui-même – les syndicats de police étaient extrêmement puissants à l’époque – relate dans un rapport un certain nombre de débordements, de dérapages et d’actes policiers qu’il qualifie lui-même d’inacceptables. Des sanctions seront d’ailleurs prises par la suite. On ne vient donc pas, subitement, de découvrir ces événements. Et que l’on ne vienne pas, ici, parler de crime d’État, comme je l’ai vu écrit dans certains journaux ! Le Monde a ainsi publié, hier, une interview dans laquelle la personne interrogée déclare que, de la même manière que Jacques Chirac a reconnu la responsabilité de l’État français pour les déportations commises par le régime de Vichy, il convient de reconnaître la responsabilité de l’...

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

C’était écrit noir sur blanc, monsieur Assouline ! Franchement, je trouve hallucinant de vouloir mettre ces deux événements sur le même plan !

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Ben voyons ! Je dis simplement que mettre en cause la police pour les événements de 1961, cela n’a pas de sens ! On ne peut pas dire que l’histoire de France ait toujours été parfaitement sereine… Il y a eu beaucoup de souffrances, beaucoup de sang, beaucoup de malheurs, beaucoup de misère, et dans tous les camps. Mais cette histoire, c’est la nôtre. La République, c’est la nôtre. Si vous voulez, pour chaque épisode, trouver des responsables et mettre en cause la responsabi...

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

Malheureusement, le temps qui m’est imparti ne me permettra pas de vous restituer tout ce que je sais de cette période et de la répression de la manifestation du 17 octobre, puisque j’ai travaillé plusieurs années comme historien sur ces événements. À l’époque, il y avait une véritable chape de plomb : on ne pouvait pas accéder aux archives et l’on devait se contenter des témoignages courageux de ceux qui avaient assisté aux événements, comme Hervé Bourges ou d’autres, qui ont été cités tout à l’heure. Il y a eu des débats ici-même, au Sénat. Gaston Defferre avait demandé la création d’une commission d’enquête, mais sa requête avait été r...

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

...per avec des « bidules » ! Et n’oublions pas que, sur 20 000 manifestants, entre 13 000 et 15 000 ont été arrêtés, selon les chiffres officiels. Vous rendez-vous compte ? La police elle-même ne savait pas combien de manifestants elle avait arrêtés ce soir-là. Des journalistes de tous bords ont témoigné de l’horreur de ce qu’ils avaient vu, y compris dans Le Figaro. C’est pour cela que ces événements, dont beaucoup de gens avaient été plus ou moins témoins, ont été enfouis dans la mémoire collective. Le drame, c’est justement que cela ait pu se produire dans une France républicaine ! Et la première leçon que l’on doit en tirer, monsieur Karoutchi, c’est qu’il peut y avoir des basculements de régime ! Oui, il y a Vichy et les Résistants. Mais, parfois, dans l’histoire même de notre vie démoc...

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

...açon si passionnée ? Parce qu’une chape de plomb a trop longtemps recouvert cet épisode de notre histoire. Au contraire, la vérité permet d’apaiser les blessures, de tourner la page et de restaurer la paix. C’est cette reconnaissance qu’a voulue le Président de la République. Ce faisant, il n’a pas affaibli la République : il a montré, au contraire, la force de ses valeurs. Quels que soient les événements, toute la vérité doit être dite. On peut alors soigner réellement les blessures et envisager l’avenir. La vérité permet aussi de ne laisser aucune prise à ceux qui instrumentalisent ces moments de blessure et alimentent les haines pour enfermer les uns et les autres dans le carcan de fausses identités. Bien entendu, cette histoire a été racontée aux enfants, puis aux petits-enfants. Mais ils ne...

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

...pour la reconnaissance de la tragédie du 17 octobre 1961: « Notre joie a été gâchée, disent-ils. Nous ne comprenons pas que l’on avance d’un pas et que l’on recule de deux dans le même temps ! » Comme je les comprends ! Car la mémoire assumée ne peut se concevoir que comme un tout. On ne peut prétendre reconsidérer sur des bases saines les relations d’amitié entre deux peuples sans envisager les événements dans leur globalité. Reconnaître, d’un côté, la responsabilité de l’État français le 17 octobre 1961 et, de l’autre, oublier les massacres de Sétif en 1945, les morts du métro Charonne, la disparition du mathématicien communiste Maurice Audin, le tragique abandon des Harkis, la misère des rapatriés, l’OAS et ses exactions... non, cela ne se peut ! J’ose donc espérer que la raison l’emportera et...

Photo de Yves Pozzo di BorgoYves Pozzo di Borgo :

...doute voulait-on masquer le fratricide derrière la sémantique pour ne pas voir à quel point nous nous déchirions avec un pays qui a partagé notre destin national pendant près de 150 ans et qui est, de toute façon, notre voisin. Cette guerre reste une plaie béante dans notre histoire. Nombreuses sont les familles, en France comme en Algérie, qui ont été frappées par le tragique de l’Histoire. Les événements du 17 octobre 1961 sont, sans conteste, l’un des épisodes les plus dramatiques que les circonstances de l’époque ont infligés aux Français et aux Algériens. Cet épisode n’est pas le seul. Des massacres, il y en a eu beaucoup.

Photo de Yves Pozzo di BorgoYves Pozzo di Borgo :

...ouver l’oreille du Président de la République. Pour autant, je ne peux m’empêcher – et le groupe de l’Union des démocrates et indépendant-Union centriste avec moi – de regretter que la requête formulée à travers cette proposition de résolution ait abouti à un simple communiqué de presse, où l’Élysée nous annonce laconiquement que la France reconnaît « avec lucidité » sa responsabilité devant les événements du 17 octobre 1961. J’ai pourtant la ferme conviction que l’on n’est jamais aussi lucide que lorsque l’on est deux. Cette initiative aurait dû faire l’objet d’un vaste débat national, soit, mais ce débat aurait dû se faire en association avec nos amis algériens. En effet, la douloureuse question des mémoires de la guerre d’Algérie ne saurait être unilatérale. Plus de 150 Européens auraient été...

Photo de Robert HueRobert Hue :

... par la voix du Président de la République, reconnaisse la « sanglante répression » du 17 octobre 1961, répression dont ont été victimes de nombreux Algériens qui manifestaient pacifiquement pour l’indépendance de leur pays colonisé. Cette reconnaissance était un engagement du Président de la République. Le voici tenu, ce dont je me félicite vivement. Je ne reviendrai pas sur la description des événements, dont chacun ici connaît la teneur. C’est aux historiens que revient le travail de mise en lumière et de clarification des faits. Combien de morts, de blessés, de tabassés, de noyés ? Des dizaines, voire des centaines. Cette tragédie est encore entourée d’un certain silence, qui ne pourra être rompu qu’avec l’ouverture des archives, notamment celles de la police et de la justice. Si les crimes ...

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

...restant de leur vie. Or il n’y a rien de pire que d’ignorer la situation d’un proche, que de pressentir le malheur sans pouvoir s’en assurer. Le travail de deuil est toujours plus difficile sans corps, sans preuve, sans la certitude que la personne a disparu. Ce silence, l’État le gardera cinquante et un ans : police, justice, pouvoirs publics, de gauche comme de droite, ne revinrent pas sur cet événement, drapant d’un voile d’ombre et d’oubli cette nuit sordide où s’était joué un drame. Les archives furent inaccessibles – elles le sont d’ailleurs encore –, ce qui a rendu possibles les écarts considérables entre les différentes estimations du nombre des victimes. Un masque malsain recouvrit le visage que prit la République ce soir-là, autorisant mensonges et dénis : les autorités semblaient avoir...

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

Mes chers collègues, il faudrait pourtant comprendre que la France et l’Algérie souhaitent écrire une nouvelle page de leurs relations bilatérales, une page épurée des conflits passés. Or, pour écrire ensemble cette page autour d’un partenariat stratégique, nous devons être d’accord sur la lecture de la page précédente. La reconnaissance simple et lucide des événements du 17 octobre 1961 gommera ainsi pour partie l’abomination de la loi sur les effets positifs de la colonisation et témoignera d’une volonté de construire une nouvelle relation, de bâtir un futur commun sur des bases saines et acceptées de tous. Ceux qui font semblant de pousser des cris d’orfraie n’ont-ils pas compris qu’il y va de l’intérêt de notre pays ? Ne sont-ils pas capables de sortir de...