Interventions sur "mémoire"

14 interventions trouvées.

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

...s chers collègues, je me réjouis de la discussion de cette proposition de résolution que Nicole Borvo Cohen-Seat, au nom de notre groupe, a déposée le 30 janvier 2012. Cette résolution fait droit à une demande formulée depuis de longues années pour que la France reconnaisse les faits sanglants qui se sont déroulés le 17 octobre 1961. Elle propose en outre la réalisation d’un lieu du souvenir à la mémoire des victimes. Permettez-moi de rendre hommage au combat de Nicole Borvo Cohen-Seat aux côtés de mon ami Guy Fischer, qui interviendra tout à l’heure. En tant que présidente de groupe et élue parisienne, notre collègue s’était grandement impliquée dans la reconnaissance des crimes coloniaux, dont la répression du 17 octobre 1961, mais aussi la « disparition » du mathématicien Maurice Audin. En d...

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

...rdites. Le pouvoir en place, puis les gouvernements successifs organiseront l’oubli autant que possible et aussi longtemps que possible. Il faudra attendre l’arrivée de la gauche au pouvoir – vingt ans plus tard ! – pour que, le 17 octobre 1981, le journaliste Marcel Trillat diffuse, au cours du journal télévisé du soir, un reportage sur ce sujet, faisant soudain rejaillir ces événements dans la mémoire collective. En 1984, c’est le romancier Didier Daeninckx qui, dans son livre Meurtres pour mémoire, évoque ces événements, au fil d’une intrigue où s’entrecroisent l’histoire de la Résistance et celle du 17 octobre. Le 17 octobre 1991, une première manifestation d’ampleur a lieu dans le cadre de la commémoration de ces événements. Enfin, et c’est le premier acte de reconnaissance fort, ...

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

... 000 ont été arrêtés, selon les chiffres officiels. Vous rendez-vous compte ? La police elle-même ne savait pas combien de manifestants elle avait arrêtés ce soir-là. Des journalistes de tous bords ont témoigné de l’horreur de ce qu’ils avaient vu, y compris dans Le Figaro. C’est pour cela que ces événements, dont beaucoup de gens avaient été plus ou moins témoins, ont été enfouis dans la mémoire collective. Le drame, c’est justement que cela ait pu se produire dans une France républicaine ! Et la première leçon que l’on doit en tirer, monsieur Karoutchi, c’est qu’il peut y avoir des basculements de régime ! Oui, il y a Vichy et les Résistants. Mais, parfois, dans l’histoire même de notre vie démocratique, il y a aussi des dérapages. Les reconnaître, c’est en appeler à la vigilance de to...

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

...e faire part d’un témoignage personnel : trop jeune pour partir en Algérie – j’avais dix-huit ans en 1962 – je n’en ai pas moins, à l’époque, milité pour la fin de cette guerre, de toutes les guerres coloniales, et pour la paix en Algérie. Si, comme je le pense, nous adoptons jeudi prochain la proposition de loi tendant à faire du 19 mars la journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, j’aurai vécu, dans la même semaine, un double point d’orgue à un combat que j’ai toujours mené en tant que militant, puis en tant que parlementaire. Cela me ramène à la source de mon engagement : ma prise de conscience d’adolescent à partir de la guerre d’Algérie, qui a marqué mon histoire personnell...

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

...nstater que nos combats de plusieurs décennies ont porté leurs fruits : le voile du silence et de l’oubli s’est enfin déchiré. Il reste à présent à obtenir de notre nouveau gouvernement la reconnaissance plus globale de la responsabilité de la France dans les guerres coloniales qu’elle a menées, particulièrement en Algérie, avec son cortège d’horreurs. Car un travail historique et un travail de mémoire s’imposent sur cette période, y compris et surtout sur ses zones d’ombre. C’est en effet à ce prix que pourraient disparaître les séquelles les plus graves de la guerre d’Algérie, le racisme et les discriminations dont sont victimes encore aujourd’hui les ressortissants d’origine algérienne, du Maghreb ou d’anciennes colonies. Et celui qui vous parle a été pendant vingt-six ans conseiller général...

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

Il semblerait que le ministre de la défense, M. Jean-Yves Le Drian, n’ait pas renoncé à commettre cet acte inconsidéré, et je suis mesuré dans les termes que j’emploie : honorer la mémoire de l’un de ces tortionnaires zélés qui se sont illustrés au cours des pages les plus noires des guerres d’Indochine et d’Algérie !

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

À mon sens, cela mérite réflexion. Je voudrais ici témoigner de l’incompréhension de mes amis, membres de comités luttant depuis des années pour la reconnaissance de la tragédie du 17 octobre 1961: « Notre joie a été gâchée, disent-ils. Nous ne comprenons pas que l’on avance d’un pas et que l’on recule de deux dans le même temps ! » Comme je les comprends ! Car la mémoire assumée ne peut se concevoir que comme un tout. On ne peut prétendre reconsidérer sur des bases saines les relations d’amitié entre deux peuples sans envisager les événements dans leur globalité. Reconnaître, d’un côté, la responsabilité de l’État français le 17 octobre 1961 et, de l’autre, oublier les massacres de Sétif en 1945, les morts du métro Charonne, la disparition du mathématicien commu...

Photo de Yves Pozzo di BorgoYves Pozzo di Borgo :

...’est justifiable, quelles que soient les circonstances. Certes, il y a la guerre, mais, derrière cette raison, la réalité est bien plus sordide : Sétif en 1945, la Toussaint sanglante en 1954, Constantine en 1955, l’opération d’Alger ensuite, et combien d’autres attentats de l’OAS en France et en Algérie, la torture, le massacre des Harkis, et j’en passe… La guerre d’Algérie confronte encore les mémoires, cinquante ans après les accords d’Évian. Toute la lumière n’a pas été faite pour permettre au deuil et au pardon de combler cette large blessure pour nos deux peuples. Sans doute faut-il laisser le temps faire son travail. Mais ce travail est-il le nôtre ? N’est-il pas plutôt, mes chers collègues, celui des historiens ? Le Parlement, bien qu’il représente le peuple français n’est pas le tribun...

Photo de Robert HueRobert Hue :

...ses en face. C’est l’honneur de la France que de reconnaître ses erreurs. J’entends, bien sûr, la droite et l’extrême droite s’indigner et vociférer contre je ne sais quelle repentance. Mais, mes chers collègues, qu’y a-t-il de si honteux et de si déshonorant à regarder la réalité en face ? Ce qui importe, c’est de reconnaître la vérité, sans repentance, sans flagellation, mais bien au nom de la mémoire. Nous le devons aux victimes et à leurs familles. Certes, tous ces événements ont eu lieu dans un contexte de guerre, une guerre que les autorités au pouvoir refusaient d’appeler par son nom. La guerre, par définition, entraîne des drames. Comme pour toute guerre, il nous revient ici non pas de remplacer le travail des historiens, mais simplement de reconnaître des faits, des crimes qui n’auraie...

Photo de Esther BenbassaEsther Benbassa :

...es. » Le crime était patent. Pourtant, comme l’écrivent les époux Péju, « dès le crime, commenç[a] sa dissimulation ». L’historien Gilles Manceron donne trois raisons à cette conspiration du silence. La première est la négation et la dénaturation immédiates des faits par l’État français, et le désir de celui-ci de les cacher. La deuxième tient à la volonté de la gauche institutionnelle que la mémoire de la manifestation de Charonne contre l’OAS en février 1962 recouvre celle du drame de 1961. La troisième est le souhait des premiers gouvernants de l’Algérie indépendante que soit passée sous silence une mobilisation organisée par des responsables du FLN devenus, pour la plupart, des opposants au nouveau régime. Ce drame, comme beaucoup d’autres, montre dans quels abîmes de cruauté, de lâchet...

Photo de Esther BenbassaEsther Benbassa :

…, reportage en grande partie réalisé depuis le balcon du siège du journal. Aujourd’hui, justice est presque faite. La déclaration du Président de la République contribuera à ce que le travail de mémoire dû aux descendants des victimes soit dûment accompli. Quant à la proposition de résolution présentée par le groupe CRC, elle répond, de manière légitime, à ce que je crois être la préoccupation de tous les républicains. Reste maintenant à exhumer enfin, dans sa complexe épaisseur, la vérité historique. Nous ne savons pas encore quel est le nombre exact des morts et des blessés. Pour connaître l...

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

...ion ». À l’époque, on ne bravait pas impunément l’autorité de l’État ; emprisonnements et intimidations seraient à l’évidence de la partie. Personne cependant n’imaginait le déchaînement de violence qui allait avoir lieu. Devant des manifestants dont les effectifs grossissaient d’heure en heure, les policiers firent preuve, sur instruction du préfet d’alors, un certain Maurice Papon de sinistre mémoire, d’une violence peu commune.

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

...apon ses états de service, des juifs déportés aux Arabes jetés dans la Seine. Ne craignant ni les intimidations ni les menaces, alors qu’un procès en diffamation leur fut intenté, elles portèrent leur travail à la connaissance du public. Je tiens à saluer leur courage et leur travail, ainsi que celui des associations et des collectifs pour la reconnaissance du 17 octobre. Je veux évoquer ici la mémoire de Mouloud Aounit – il est passé sur l’autre rive par une belle journée d’août, comme pour ne pas nous déranger, alors que, vivant, il en dérangeait beaucoup… –, président du MRAP, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, qui n’a cessé d’œuvrer pour la reconnaissance de cette tragédie et de ces faits. Il déclarait notamment : « Nous ne voulons pas culpabiliser l’ensembl...

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

... des deux parties d’aboutir à un règlement pacifique du conflit et à renoncer durablement à l’usage de la violence. Cela ne signifie pas que la violence ou les hostilités ont disparu après le 19 mars, puisque les attentats de l’OAS, les massacres de harkis sont autant d’actes témoignant de l’horreur de ce conflit. Cette commémoration permettra, je l’espère, d’instaurer un espace de dialogue des mémoires, offrant une lecture apaisée de ces questions. Beaucoup reste à faire. L’État doit encore reconnaître l’usage de la torture en Algérie. Mais, aujourd’hui, la gauche a démontré qu’une autre vision des relations franco-algériennes était possible, une vision axée non sur la repentance, mais sur le dialogue, le respect et l’examen des erreurs du passé. Les morts du 17 octobre 1961 ont désormais un...