Interventions sur "mort"

20 interventions trouvées.

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

...otés, sont basculés dans la Seine, d’autres jetés pêle-mêle, sans ménagements, dans des cars de police, où les attendent de nouveaux matraqueurs. Une véritable noria de cars se rend vers les dépôts, les commissariats, vite saturés. Des bus de la RATP, ainsi que le palais des Sports sont réquisitionnés. Selon les recherches actuelles, qui convergent, il y aurait eu le 17 octobre 1961 au moins 200 morts, ce qui donne, pour le moins, une résonnance particulière aux propos de Maurice Papon que je vous ai cités, sans parler des plus de 11 000 arrestations qui officiellement s’ensuivirent et des nombreux blessés. Les crimes commis le 17 octobre 1961 ont suscité à l’époque un débat public et une indignation dans les milieux progressistes mais, dès ce moment-là, le pouvoir s’est acharné à étouffer l...

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Alors, que peut-on véritablement affirmer ? Reprenons les documents d’époque. Souvenons-nous de Paris, en 1961. Depuis 1957, la guerre d’Algérie oppose diverses communautés, le FLN, l’OAS ou encore le mouvement national algérien, le MNA, de Messali Hadj : près de 10 000 morts, c’est le nombre reconnu des victimes de la lutte interne entre le MNA et le FLN.

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

...essus qui va conduire à l’indépendance de l’Algérie, non sans mal, même au sein de la droite, même au sein du mouvement gaulliste : c’est le courage et le génie politique du général de Gaulle d’avoir impulsé et imposé le processus conduisant à l’autodétermination et à l’indépendance. À Paris, les luttes se succèdent : chaque jour, des attentats sont perpétrés. Monsieur Laurent, vous évoquez 200 morts. Je connais parfaitement l’ouvrage d’Einaudi, La Bataille de Paris, dont vous tirez ce chiffre ; du reste, pour être tout à fait précis, ce sont 246 victimes dont l’auteur fait état.

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Depuis, au terme d’un débat contradictoire, on a conclu qu’en réalité il avait décompté les morts de l’ensemble du mois d’octobre et non pas seulement ceux de la journée du 17.

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Mes chers collègues, nous sommes en pleine guerre d’Algérie ! On déplore des milliers de morts en Algérie. Des assassinats sont commis chaque jour à Paris. Chaque jour, la police est victime de nouvelles attaques ! Des policiers meurent, de nombreux agents de police sont blessés, des familles sont brisées… C’est la lutte contre l’OAS, qui n’épargne pas le régime gaulliste. Le FLN, le MNA et tous les extrémistes commettent des attentats. Lorsqu’ils tuent, ils tuent d’abord des policiers :...

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Ne dites pas n’importe quoi, madame ! On aurait évidemment préféré que la guerre d’Algérie ne fasse aucun mort ! Lors des grèves insurrectionnelles de 1947, il y a eu aussi des morts ! C’est même un ministre socialiste, Jules Moch, qui a créé les CRS à cette occasion. Demandez donc que l’on reconnaisse les crimes de M. Jules Moch !

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

...umer, après une étude historique objective, parfait ! Que les choses se fassent dans la clarté, l’historien que je suis en sera ravi ! Qu’on ait accès à tout, qu’il n’y ait plus de documents classés et, de ce fait, non consultables, j’en suis d’accord ! Et, lorsque la vérité aura été établie, on verra que, en 1961, s’il y a évidemment eu des dérives, des dérapages, des « bavures » – il y a eu des morts, je le reconnais –, il ne faut pas pour autant mettre en cause la responsabilité de la République !

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

C’est facile, aujourd’hui, sous les ors du Sénat, d’oublier que, en 1961, les commissariats explosaient, des policiers étaient abattus. C’était la guerre civile et il y avait des dizaines de milliers de morts en Algérie !

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

...blicaine ! Et la première leçon que l’on doit en tirer, monsieur Karoutchi, c’est qu’il peut y avoir des basculements de régime ! Oui, il y a Vichy et les Résistants. Mais, parfois, dans l’histoire même de notre vie démocratique, il y a aussi des dérapages. Les reconnaître, c’est en appeler à la vigilance de tous les instants, y compris dans notre démocratie. Vous allez me dire : « Et les autres morts, qu’en faites-vous ? » Mais on ne va quand même pas, ici, au Sénat, s’envoyer les morts à la figure, les civils tués en Algérie, les disparus, le drame des Harkis. Tous ces événements doivent être reconnus. Sinon, les blessures ne se referment pas.

Photo de Philippe BasPhilippe Bas :

C’est bien parti ! Il faudrait commencer par reconnaître tous les morts, y compris tous ceux qui ont été égorgés et toutes les victimes des attentats terroristes !

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

Le fait de reconnaître ces morts – vous l’avez fait ici, mais cela n’a pas toujours été le cas – constitue déjà un grand pas. Je veux finir sur une vérité historique. Bien sûr, l’ambiance que vous avez décrite, notamment les assassinats de policiers, peut expliquer une telle sauvagerie. Mais il y a des responsables, y compris en cas de dérapage, quand, pris dans la folie de l’action, on se met à faire n’importe quoi. Parce que...

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

...dans le même temps ! » Comme je les comprends ! Car la mémoire assumée ne peut se concevoir que comme un tout. On ne peut prétendre reconsidérer sur des bases saines les relations d’amitié entre deux peuples sans envisager les événements dans leur globalité. Reconnaître, d’un côté, la responsabilité de l’État français le 17 octobre 1961 et, de l’autre, oublier les massacres de Sétif en 1945, les morts du métro Charonne, la disparition du mathématicien communiste Maurice Audin, le tragique abandon des Harkis, la misère des rapatriés, l’OAS et ses exactions... non, cela ne se peut ! J’ose donc espérer que la raison l’emportera et je suis signataire, avec plusieurs personnalités d’horizons très divers, d’un manifeste contre le transfert des cendres du général Bigeard. Je conclurai en vous appe...

Photo de Robert HueRobert Hue :

...ériens qui manifestaient pacifiquement pour l’indépendance de leur pays colonisé. Cette reconnaissance était un engagement du Président de la République. Le voici tenu, ce dont je me félicite vivement. Je ne reviendrai pas sur la description des événements, dont chacun ici connaît la teneur. C’est aux historiens que revient le travail de mise en lumière et de clarification des faits. Combien de morts, de blessés, de tabassés, de noyés ? Des dizaines, voire des centaines. Cette tragédie est encore entourée d’un certain silence, qui ne pourra être rompu qu’avec l’ouverture des archives, notamment celles de la police et de la justice. Si les crimes ont été reconnus, il n’en demeure pas moins que les criminels ne sont, eux, toujours pas identifiés. Je ne souhaite pas ici exposer les faits, qui...

Photo de Esther BenbassaEsther Benbassa :

...tribuera à ce que le travail de mémoire dû aux descendants des victimes soit dûment accompli. Quant à la proposition de résolution présentée par le groupe CRC, elle répond, de manière légitime, à ce que je crois être la préoccupation de tous les républicains. Reste maintenant à exhumer enfin, dans sa complexe épaisseur, la vérité historique. Nous ne savons pas encore quel est le nombre exact des morts et des blessés. Pour connaître la vérité, le groupe écologiste demande donc, plus que l’érection d’un lieu de mémoire, l’ouverture sans restriction des archives publiques encore disponibles ou qui n’ont pas été détruites, comme celles de l’hôpital de Nanterre, ou expurgées, comme celles de la police, et la fin des dérogations octroyées au compte-gouttes. En effet, seul le travail des historien...

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

...staurer un espace de dialogue des mémoires, offrant une lecture apaisée de ces questions. Beaucoup reste à faire. L’État doit encore reconnaître l’usage de la torture en Algérie. Mais, aujourd’hui, la gauche a démontré qu’une autre vision des relations franco-algériennes était possible, une vision axée non sur la repentance, mais sur le dialogue, le respect et l’examen des erreurs du passé. Les morts du 17 octobre 1961 ont désormais une reconnaissance posthume. Leurs familles peuvent estimer qu’ils ne seront pas morts anonymement en vain. Après cette reconnaissance, la France se retrouve, elle redevient elle-même, une nation unique qui n’est jamais aussi grande que quand elle se regarde en face lucidement. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne peux conclur...