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...econnaisse les faits sanglants qui se sont déroulés le 17 octobre 1961. Elle propose en outre la réalisation d’un lieu du souvenir à la mémoire des victimes. Permettez-moi de rendre hommage au combat de Nicole Borvo Cohen-Seat aux côtés de mon ami Guy Fischer, qui interviendra tout à l’heure. En tant que présidente de groupe et élue parisienne, notre collègue s’était grandement impliquée dans la reconnaissance des crimes coloniaux, dont la répression du 17 octobre 1961, mais aussi la « disparition » du mathématicien Maurice Audin. En défendant cette proposition, je veux d’abord dire ma satisfaction de la très récente communication du Président de la République, qui a déclaré le 17 octobre dernier : « La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends ho...
...ments dans la mémoire collective. En 1984, c’est le romancier Didier Daeninckx qui, dans son livre Meurtres pour mémoire, évoque ces événements, au fil d’une intrigue où s’entrecroisent l’histoire de la Résistance et celle du 17 octobre. Le 17 octobre 1991, une première manifestation d’ampleur a lieu dans le cadre de la commémoration de ces événements. Enfin, et c’est le premier acte de reconnaissance fort, le 23 septembre 2001, le Conseil de Paris vote la pose d’une plaque commémorative, qui est inaugurée le 17 octobre suivant. La ville de Gennevilliers, quant à elle, inaugure, le 19 février 2007, une place du 17 octobre 1961. Le 50e anniversaire de ce drame marque une étape plus importante encore dans ce parcours mémoriel. La mobilisation grandit et s’élargit. Seuls les plus réactionnaires ...
Pourquoi, cinquante et un ans après ce drame, en sommes-nous encore à en discuter de façon si passionnée ? Parce qu’une chape de plomb a trop longtemps recouvert cet épisode de notre histoire. Au contraire, la vérité permet d’apaiser les blessures, de tourner la page et de restaurer la paix. C’est cette reconnaissance qu’a voulue le Président de la République. Ce faisant, il n’a pas affaibli la République : il a montré, au contraire, la force de ses valeurs. Quels que soient les événements, toute la vérité doit être dite. On peut alors soigner réellement les blessures et envisager l’avenir. La vérité permet aussi de ne laisser aucune prise à ceux qui instrumentalisent ces moments de blessure et alimentent les...
... 15 000 arrestations, des dizaines de morts du côté des manifestants et neuf blessés légers du côté des forces de l’ordre ? Même aujourd’hui, ce serait impossible ! Avec 15 000 arrestations, il y aurait, je pense, plus de turbulences. Sur les faits comme sur le sens de ce qui nous est demandé aujourd’hui, arrêtons de nous envoyer à la tête les morts des uns ou des autres. Tous les morts méritent reconnaissance.
Et c’est ainsi que l’on passe à autre chose, que la paix se fait, que la fraternité se fait, que l’unité de la République se fait. C’est pourquoi il faut voter la proposition de résolution qui nous est soumise, sans forcément en partager tous les attendus qui ont été exposés ici. La reconnaissance officielle a été proclamée par le Président de la République la semaine dernière. Les archives doivent continuer à être ouvertes pour que l’on puisse établir plus précisément les faits. Mais ce que l’on sait déjà méritait ce geste. En tout cas, ce que l’on sait ne prête pas à polémique. Il convient, au contraire, que nous nous rassemblions tous, pour nous-mêmes et pour l’avenir. §
Un demi-siècle après ce que je ne suis pas seul à qualifier de crime d’État, je me félicite de constater que nos combats de plusieurs décennies ont porté leurs fruits : le voile du silence et de l’oubli s’est enfin déchiré. Il reste à présent à obtenir de notre nouveau gouvernement la reconnaissance plus globale de la responsabilité de la France dans les guerres coloniales qu’elle a menées, particulièrement en Algérie, avec son cortège d’horreurs. Car un travail historique et un travail de mémoire s’imposent sur cette période, y compris et surtout sur ses zones d’ombre. C’est en effet à ce prix que pourraient disparaître les séquelles les plus graves de la guerre d’Algérie, le racisme et le...
À mon sens, cela mérite réflexion. Je voudrais ici témoigner de l’incompréhension de mes amis, membres de comités luttant depuis des années pour la reconnaissance de la tragédie du 17 octobre 1961: « Notre joie a été gâchée, disent-ils. Nous ne comprenons pas que l’on avance d’un pas et que l’on recule de deux dans le même temps ! » Comme je les comprends ! Car la mémoire assumée ne peut se concevoir que comme un tout. On ne peut prétendre reconsidérer sur des bases saines les relations d’amitié entre deux peuples sans envisager les événements dans leur g...
Voilà l’absurdité de l’histoire ! Pourquoi ne commémore-t-on pas non plus ces drames ? Qui se souvient de ces victimes ? N’ont-elles pas, elles aussi, droit au souvenir ? On ne saurait demander la reconnaissance du 17 octobre sans demander à l’Algérie de réaliser ce même travail sur elle-même. Il faut être deux pour faire une guerre, et nombreuses sont les familles, françaises et algériennes, à avoir été frappées par ce qui s’est produit, il y a plus d’un demi-siècle, au sud de la Méditerranée. Cette question, si elle est légitime, n’aurait pas dû être traitée de cette manière. Il ne s’agit pas de nous ...
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il aura fallu cinquante et un ans pour que la France, par la voix du Président de la République, reconnaisse la « sanglante répression » du 17 octobre 1961, répression dont ont été victimes de nombreux Algériens qui manifestaient pacifiquement pour l’indépendance de leur pays colonisé. Cette reconnaissance était un engagement du Président de la République. Le voici tenu, ce dont je me félicite vivement. Je ne reviendrai pas sur la description des événements, dont chacun ici connaît la teneur. C’est aux historiens que revient le travail de mise en lumière et de clarification des faits. Combien de morts, de blessés, de tabassés, de noyés ? Des dizaines, voire des centaines. Cette tragédie est encore...
...niqué par le préfet Papon est loin, très loin de la réalité. Nombre de familles sont restées sans nouvelles d’un père, d’un frère, d’un oncle, d’un mari, d’un grand-père ou d’un fils. Les autorités opéraient une rétention d’informations bien réelle, tandis que les proches n’osaient pas se montrer trop curieux, par peur des représailles. En l’absence de tout corps, de toute information, de toute reconnaissance, certains sont demeurés avec des questions pour le restant de leur vie. Or il n’y a rien de pire que d’ignorer la situation d’un proche, que de pressentir le malheur sans pouvoir s’en assurer. Le travail de deuil est toujours plus difficile sans corps, sans preuve, sans la certitude que la personne a disparu. Ce silence, l’État le gardera cinquante et un ans : police, justice, pouvoirs publics, ...
Mes chers collègues, il faudrait pourtant comprendre que la France et l’Algérie souhaitent écrire une nouvelle page de leurs relations bilatérales, une page épurée des conflits passés. Or, pour écrire ensemble cette page autour d’un partenariat stratégique, nous devons être d’accord sur la lecture de la page précédente. La reconnaissance simple et lucide des événements du 17 octobre 1961 gommera ainsi pour partie l’abomination de la loi sur les effets positifs de la colonisation et témoignera d’une volonté de construire une nouvelle relation, de bâtir un futur commun sur des bases saines et acceptées de tous. Ceux qui font semblant de pousser des cris d’orfraie n’ont-ils pas compris qu’il y va de l’intérêt de notre pays ? Ne son...