Interventions sur "syrie"

21 interventions trouvées.

Photo de Jean-Claude RequierJean-Claude Requier :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, mes chers collègues, le 7 avril dernier, à Douma, une troisième attaque chimique d’ampleur - et meurtrière - a été perpétrée sur le territoire syrien. Elle succède à celle qui avait déjà été menée dans la Ghouta orientale en 2013 et à celle, tout aussi meurtrière, de Khan Cheikhoun, en 2017. Ces attaques majeures ne sont que les épisodes les plus dramatiques d’une réalité composée de plusieurs dizaines de faits chimiques recensés depuis 2014. Vous l’avez dit, monsieur le ministre : une « ligne rouge » a été franchie. Le régime de Damas savai...

Photo de Jean-Claude RequierJean-Claude Requier :

...e l’ONU et nous nous réjouissons de l’initiative française pour remettre au premier plan une action diplomatique en faveur de la paix. Du processus de Genève aux négociations d’Astana, force est de reconnaître que les différents pourparlers sont en panne. Or les centaines de morts liés aux attaques chimiques ne doivent pas occulter le chiffre plus effrayant encore de 350 000 victimes du conflit syrien recensées depuis 2011, dont plus de 100 000 civils. Il y a donc urgence à demander un cessez-le-feu, car nous savons que la ville d’Idlib pourrait être la prochaine cible. Il y a tout autant urgence à relancer les discussions dans un cadre qui prenne en compte toutes les nouvelles dimensions du conflit. Tout d’abord, il apparaît clairement que le départ de Bachar al-Assad, qui a pendant longt...

Photo de Bruno RetailleauBruno Retailleau :

...s bonnes consciences, et, de l’autre, les mauvaises ; entre, d’un côté, les sans-peur, et, de l’autre, les sans-cœur. C’est au creux de cette complexité, à l’intérieur même de cette complexité que je veux m’exprimer, monsieur le ministre, pour vous faire part d’un certain nombre de réserves, qui sont avant tout, bien sûr, des doutes. La première réserve a trait à la situation contextuelle de la Syrie. Vous le savez sans doute mieux que quiconque ici, ce pays fait face à un enchevêtrement de guerres : la guerre civile, la guerre contre Daech, la guerre entre la Turquie et les Kurdes, la guerre entre le monde chiite et le monde sunnite, la guerre pour la restauration de la puissance régionale de la Russie. L’inquiétude, l’interrogation qui est la nôtre, et que j’exprime ici devant le Sénat, es...

Photo de François PatriatFrançois Patriat :

... ministre, madame la ministre, madame, monsieur les secrétaires d’État, mes chers collègues, l’ordre international reste imparfait et quand le désordre devient insupportable, la légitimité fondée sur les droits élémentaires et universels doit l’emporter. J’ai écouté avec attention les propos qui viennent d’être tenus. Nous mesurons, nous aussi, l’extrême complexité et l’enchevêtrement du dossier syrien. La décision du chef de l’État et de nos alliés nous apparaît justifiée. Elle témoigne d’une constance de notre position dans la région. Dans la nuit du 6 au 7 avril, dans le but de reconquérir le dernier bastion rebelle dans la Ghouta orientale, l’armée syrienne a lancé une terrible offensive sur la ville de Douma, provoquant la mort d’une centaine de civils selon l’Observatoire syrien des dr...

Photo de Éliane AssassiÉliane Assassi :

...es, la France s’est refusée à suivre les faucons américains, à l’image de Dominique de Villepin devant le Conseil de sécurité, voilà quinze ans. La construction de cette voix de la France, forte, indépendante, facteur de paix, déjà gravement abîmée, en particulier par l’intervention aventureuse en Libye, s’effondre aujourd’hui avec l’alignement sur la politique américaine. Le bombardement de la Syrie par 103 missiles, dont 12 Français, est un acte de guerre, n’en déplaise au Président de la République qui, hier soir encore, lors de sa longue intervention télévisée, le qualifiait d’« acte de représailles ». Quelle est, monsieur le ministre, la différence entre un acte de guerre et une déclaration de guerre ? Comment considérerions-nous une telle frappe sur notre territoire ? Vous le savez bi...

Photo de Jean-Marie BockelJean-Marie Bockel :

Monsieur le président, monsieur le ministre, cher président Cambon, mes chers collègues, après sept ans d’une guerre qui a déjà fait plus de 500 000 morts, plus de 1 million de blessés, provoqué le départ hors de Syrie de plus 5 millions de réfugiés et le déplacement intérieur de 6 millions de personnes, il ne semble faire aucun doute que le régime de Bachar al-Assad s’est livré, le 7 avril dernier, à plusieurs attaques chimiques létales sur le quartier de Douma, faisant plusieurs dizaines de victimes, après des centaines d’autres dans le passé, dans d’atroces et insoutenables conditions. La ligne rouge fixée ...

Photo de Patrick KannerPatrick Kanner :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en avril 2011, il y a sept ans maintenant, commençait ce qu’on appelle le conflit syrien. Déjà, Bachar al-Assad employait la force contre son propre peuple, en tuant des civils lors de manifestations. En sept ans, au gré de la multiplication des fronts, notamment contre Daech, au gré du secours des alliés russes et iraniens du dictateur syrien, la guerre syrienne a connu de nombreuses époques et évolutions. Mais un élément n’a jamais changé dans ce conflit : Bachar al-Assad continu...

Photo de Patrick KannerPatrick Kanner :

Ce silence a des conséquences puisque les Kurdes disent maintenant vouloir libérer unilatéralement les djihadistes français. Je vous enjoins, monsieur le ministre, de faire en sorte que notre pays réoriente sa position sur le dossier kurde avant que nous ne perdions totalement la confiance et les liens avec ce peuple allié de la France. Mes chers collègues, les frappes en Syrie étaient donc légitimes, au nom des droits de l’homme, au nom du droit international, au nom du respect de nos alliances. Mais ces frappes ne peuvent pas être une fin. Doit débuter maintenant un processus diplomatique. Notre pays a écrit, avec ses alliés britanniques et américains, une proposition de résolution qui sera débattue prochainement à l’ONU. Il est en effet indispensable de reprendre la...

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

… mais de la part des démocrates. Ce n’est pas tout à fait le cas aujourd’hui et c’est un peu étonnant. Beaucoup de ceux qui critiquent cette intervention applaudissaient bruyamment en 2011 l’intervention en Libye, et certains d’entre eux critiquaient en 2013 la non-intervention de Hollande et d’Obama en Syrie.

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

Je ne l’ai pas entendu ! On nous dit que nous sommes intervenus sans mandat de l’ONU. Mais les Russes interviennent massivement en Syrie depuis 2015, les Iraniens depuis 2011, les Turcs depuis quelques mois, tous sans aucun mandat. Où était alors la voix de ceux qui nous rappellent aujourd’hui au respect du droit international ? Et d’abord, qui viole le droit international ? La France et ses alliés, qui se réclament de la résolution 2118 des Nations unies interdisant l’usage des armes chimiques en Syrie, rappelée tout à l’heure p...

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

...tique se trompe, à l’inverse, lorsqu’il ne prend pas ses responsabilités et s’en décharge sur les humanitaires : c’est ce qu’on a vu pendant plusieurs années dans les Balkans avant que Clinton n’envoie ses avions et ne convoque à Dayton les protagonistes pour siffler la fin de ce que je n’oserai pas appeler une récréation. Le politique des pays démocratiques se trompe encore, et ce fut le cas en Syrie, lorsqu’il raisonne en moraliste : le bien d’un côté, le mal de l’autre. Qui peut nous dire aujourd’hui avec le recul que le mal en Syrie n’était que du côté de l’État et le bien du côté de ses adversaires, hélas ! majoritairement djihadistes ? Enfin, le politique des pays démocratiques se trompe lorsqu’il pense que sa propre histoire est la matrice de l’histoire des autres peuples : le roi tout...

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

M. Stéphane Ravier. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nos frappes contre le régime syrien constituent une faute majeure

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

… il est, en Syrie et au Moyen-Orient, la seule force capable de s’opposer aux groupes islamistes qui pullulent dans la région. Il est curieux que le régime de Bachar al-Assad soit le seul à être sévèrement critiqué et puni pour son autoritarisme. §L’Élysée est moins regardant du côté des régimes du Qatar, du Koweït, des régimes égyptien et saoudien, ou encore du Soudan…

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

...qui n’hésiteront pas à transformer le Moyen-Orient d’abord, le monde ensuite, en un vaste cimetière. La France doit avoir une voix indépendante. Elle a un autre rôle à jouer, loin de celui de valet des États-Unis : le rôle de protecteur des chrétiens d’Orient, auquel Damas contribue. En l’état, nous n’avons aucune preuve irréfutable quant à cette attaque. Rien ne prouve seulement que le régime syrien en serait l’auteur ! Mes chers collègues, j’appelle votre attention sur le fait que, au début de la guerre civile, 95 % des stocks d’armes chimiques ont été saisis par les groupes rebelles. Les rebelles eux-mêmes pourraient être à l’origine de cette attaque : leur but serait de retourner l’opinion internationale en leur faveur et de provoquer une répression contre le régime de Damas

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

...d’une telle intensité qu’il était nécessaire et urgent d’entendre la voix du Parlement. À ce titre, je remercie nos nombreux collègues, qui, malgré un calendrier constitutionnel étroit, sont présents cet après-midi. L’utilisation des armes chimiques à l’encontre des populations civiles ne peut en effet rester impunie. Nos armées ont certes brillamment réussi ces frappes, mais rien n’est réglé en Syrie et, pour sa part, l’Europe de la défense ne sort pas indemne de cette opération. Voilà quelques points que je souhaite développer devant vous, au nom de notre commission. Fallait-il intervenir ? Cette question cruciale, c’est celle des preuves. Est-ce bien le régime de Bachar al-Assad qui a commis ces atrocités ?

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

Ainsi, quand on parle de ligne rouge, mieux vaut sanctionner, et vite, sinon, l’on risque fort de brandir des sabres de bois… En outre, il fallait intervenir pour envoyer un message clair aux alliés de la Syrie, et particulièrement à la Russie. Ce grand pays, auquel tant de liens nous unissent, doit comprendre que le rôle de grande puissance est incompatible avec le non-respect du droit international.

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

...rnational s’applique bien sûr d’abord à nous. Or c’est idéalement sur la base d’une résolution votée par le Conseil de sécurité, sous le régime du chapitre VII de la Charte des Nations unies, autorisant le recours à la force, que ce genre d’opérations militaires trouve sa légitimité incontestable. Toutefois, force est de constater qu’en utilisant son droit de veto à douze reprises sur le dossier syrien, dont six fois au sujet des armes chimiques, la Russie a paralysé l’action du Conseil de sécurité, y compris pour ce qui concerne le volet humanitaire. Là encore, nous pouvons regretter que les membres permanents du Conseil de sécurité n’aient pas tous accepté la proposition française de s’abstenir d’utiliser ce droit de veto en cas de crime de masse. Le Gouvernement se fonde sur la résolution...

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

… pour accomplir leurs exigeantes missions. Cette action militaire ouvre-t-elle une solution politique en Syrie ? Évidemment non !

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

Si un coup décisif a été porté à la fabrication et au stockage d’armes chimiques en Syrie, rien n’indique que ces dernières ont été détruites à 100 %, bien au contraire : on peut même imaginer que l’on aura profité de cette étrange semaine de tweets pour transférer nombre d’entre elles dans d’autres sites…

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

Nous le savons bien, aucune solution militaire ne viendra à bout de ce conflit. Monsieur le ministre, vous l’avez rappelé : notre ennemi, ce n’est pas la Syrie, c’est Daech, et ce sont, plus largement, tous les groupes liés à l’islamisme radical. §Leur éradication doit donc être assurée à tout prix. Malheureusement, cet objectif se mêle à des confrontations complexes internes à cette région du monde, dont certaines durent depuis des décennies. Conflit israélo-palestinien, confrontation des sunnites et des chiites entre l’Arabie saoudite et l’Iran, rev...