Interventions sur "drame"

12 interventions trouvées.

Photo de Thomas DossusThomas Dossus, rapporteur :

Nous examinons aujourd'hui la proposition de loi relative au gel des matchs de football le 5 mai qui a été adoptée par l'Assemblée nationale en février 2020. Cette proposition de loi a trait à la mémoire d'évènements tragiques qui sont intervenus il y a bientôt trente ans. Elle pose des questions importantes pour la place du sport dans notre société et sur la notion de drame national et sur la façon de commémorer. Permettez-moi tout d'abord de revenir sur les circonstances de cette catastrophe de manière factuelle. Le 5 mai 1992 devait se tenir la demi-finale de la Coupe de France au stade Armand-Cesari de Furiani opposant le SC Bastia à l'Olympique de Marseille. Afin de porter la capacité du stade à 18 000 places, une tribune de 750 places a été détruite pour l'oc...

Photo de Thomas DossusThomas Dossus, rapporteur :

Je vous propose de définir le périmètre pour l'application de l'article 45 de la Constitution en considérant qu'il inclut à la fois les modalités de reconnaissance du caractère national de certains drames intervenus dans le sport ainsi que les modalités de commémoration de ces mêmes drames.

Photo de Julien BargetonJulien Bargeton :

Le drame de Furiani concerne non seulement la Corse, mais la Nation tout entière, qui doit se retrouver derrière le souvenir de cet évènement. On ne peut pas dire que rien n'a été fait, puisque plusieurs décisions ont été prises depuis. L'enquête judiciaire a prouvé les manquements graves, dont la primauté donnée à des intérêts de court terme par rapport à la sécurité des spectateurs. La loi du 13 juillet...

Photo de Jean-Jacques LozachJean-Jacques Lozach :

Ce texte est lié à l'évènement dramatique du 5 mai 1992 et comprend une dimension mémorielle très forte. Le débat en première lecture à l'Assemblée nationale a porté sur la réponse la plus pertinente à apporter à cette unique revendication portée par le Collectif de défense des victimes du drame de Furiani, à savoir le gel des matchs de football professionnel de Ligue 1, de Ligue 2 et de la Coupe de France. Cette demande est vécue comme une sorte de rattrapage de ce qui aurait pu être décidé bien avant le trentième anniversaire du drame de Furiani. Cette proposition de loi n'est pas complètement satisfaisante, car le rôle du législateur n'est pas d'interférer avec le calendrier des manif...

Photo de Jean-Raymond HugonetJean-Raymond Hugonet :

Ayant un fort penchant pour cette belle région de Corse et pour le football, je me sens particulièrement concerné par cette discussion. Mes pensées vont aux 19 personnes qui sont mortes et aux plus de 2 300 blessés à Furiani. À l'image de ce qui s'est produit durant la guerre de 1914-1918, on ne compte pas un seul village corse qui n'ait été touché par ce drame ! Veillons donc à ne pas minimiser le sujet, qui a des répercussions importantes encore trente ans après. Que nous soyons obligés d'en passer par un texte de loi, cela me révolte, mais nous nous devons de l'examiner. Les avis sont divers, et je m'exprime ici à titre personnel. Mais nous pouvons tous reconnaître, quelle que soit notre étiquette politique, que le sport dans notre pays ne trouve pas...

Photo de Pierre-Antoine LeviPierre-Antoine Levi :

Le 5 mai 1992, je m'apprêtais à regarder à la télévision une demi-finale de Coupe de France, et j'ai assisté à une catastrophe qui a marqué l'ensemble du football français. Le bilan humain de ce drame est inégalé en France, et la blessure n'est toujours pas cicatrisée. En visant à interdire les matchs professionnels de Ligue 1, de Ligue 2 et de Coupe de France, cette proposition de loi n'est pas forcément la bonne méthode pour faire vivre la mémoire. En l'espèce, le match était ouvert à tous les clubs amateurs. Pour être cohérents, il aurait donc fallu inclure dans l'interdiction les matchs am...

Photo de Céline BrulinCéline Brulin :

Cette proposition de loi soulève effectivement de nombreuses questions, comme le fait de devoir légiférer sur ce sujet. Certes, depuis trente ans, des avancées ont été constatées, mais elles sont insuffisantes. Et il est assez incohérent de geler les matchs quand le 5 mai tombe un samedi. Les familles des victimes souhaitent un acte fort. Sans parler de « sport business », ce drame est différent de celui du Heysel, car des intérêts mercantiles bien identifiés ont conduit à cette catastrophe - c'est suffisamment rare pour être souligné - et ont empêché jusqu'à présent de trouver un accord. La LFP n'a pas à s'inquiéter, car cette mesure n'entraînera que peu d'effets sur l'économie du sport. Ce qui est inquiétant, c'est d'avoir à le préciser. Nous voterons cette proposition de...

Photo de Bernard FialaireBernard Fialaire :

Je fais partie de ceux qui étaient devant leur écran de télévision le jour du drame de Furiani. Nous avons un peu l'impression d'avoir un couteau sous la gorge pour voter conforme la proposition de loi. Le sport doit permettre à la jeunesse, outre le développement de ses capacités physiques, la prise de conscience des règles communes à respecter. Face au comportement de certains supporters, voire de joueurs, on se rend compte qu'il y a encore beaucoup à faire. Toutes les initiat...

Photo de Jacques GrosperrinJacques Grosperrin :

J'entends que cette demande résulte d'une souffrance persistante depuis plus de vingt-huit ans, mais elle provient avant tout de la Corse. Nous sommes mal à l'aise, car si nous aimons cette région, toutes les autres pourraient également demander au Parlement de légiférer pour les drames intervenus à tel ou tel endroit. Les élus n'interviennent-ils pas à la place des Corses eux-mêmes ? En outre, cette proposition de loi devrait aussi concerner le football amateur. Enfin, le gel des matchs empêche le devoir de mémoire, contrairement à la minute de silence, au brassard noir ou à l'explication pédagogique sur un symbole national. C'est la Fédération qui aurait dû prendre ses respon...

Photo de Stéphane PiednoirStéphane Piednoir :

Je salue le travail du rapporteur. Mon incompréhension est totale, non pas sur les motivations de cette proposition de loi, mais sur sa traduction législative. On nous reproche de faire trop de lois, et je crains que ce ne soit une nouvelle illustration de cette inflation législative. Les causes du drame ont été parfaitement identifiées, avec une affluence hors-norme et des conditions de sécurités bafouées. Ce qui primait en 1992, c'était non pas la rentabilité, mais le plaisir des supporters avides de spectacle en cette demi-finale de Coupe de France entre le SC Bastia et l'Olympique de Marseille. Des mesures ont été prises depuis cette date ; elles ont visiblement été suffisantes, puisqu'aucun ...

Photo de Olivier PaccaudOlivier Paccaud :

Je m'interroge également sur la pertinence de la solution proposée. Comme tous les passionnés de football, j'ai vécu le drame du 5 mai 1992 en direct devant mon poste ; je me souviens du bruit lorsque la tribune est tombée, de l'agression de Thierry Roland. Plusieurs évènements encore plus coûteux en vies humaines s'étaient produits au Royaume-Uni, à Bradford et à Sheffield. Les leçons en ont été tirées. Il ne faut pas oublier, mais pour faire vivre le souvenir, quelle est la meilleure des commémorations ? Celle qui est...

Photo de Thomas DossusThomas Dossus, rapporteur :

Je partage certaines de vos réserves, mais des précisions s'imposent sur certains points. Certes, depuis ce drame, des lois ont encadré l'organisation des spectacles. Mais c'est parce que la FFF et la Ligue n'ont rien fait ou si peu que nous sommes obligés d'en arriver là. D'ailleurs, le Collectif des victimes a été créé vingt ans environ après le drame, car la situation n'évoluait pas. Et les journalistes, pourtant attentifs aux messages envoyés par la FFF ou par la Ligue, ont déploré l'absence de devoir de...