Si le groupe socialiste a approuvé un certain nombre de dispositions, nous avons aussi marqué notre désaccord avec nos collègues de la majorité du Sénat sur certains points. Je pense en particulier à cette histoire de parure vestimentaire pour les personnes accompagnant les sorties scolaires... J'ai souffert pendant une journée entière : nous avons passé trois heures à discourir sur le voile, puis trois heures sur le burkini ! Pourtant, la religion, c'est une question de spiritualité, et pas de textile.
Notre principal désaccord sur ce texte tient au fait qu'il est, au fond, assez extérieur à son objet, ce qui est étrange... Les mesures qu'il comporte ne seront pas déterminantes pour lutter efficacement contre la violence et le radicalisme islamistes. Les associations que nous avons auditionnées estiment qu'on les couvre de contraintes en tous genres. L'Église protestante, par exemple, se demande si ces contraintes sont bien nécessaires pour lutter contre le radicalisme ; nous ne pensons pas qu'elles le soient.
Pour lutter contre le radicalisme et les violences, il importe d'investir largement dans le renseignement, dans la sécurité, mais aussi dans l'éducation. À cet égard, je regrette la position qui a été prise au Sénat sur l'éducation à la maison, puisque le texte prévoit beaucoup de possibilités pour des cas particuliers, avec des capacités de contrôle. Ce n'est pas faire du bien aux enfants - mis à part un certain nombre de cas particuliers - que de les priver du bienfait de l'école. À Orléans, quand je vois les gamins inoccupés dès 16 h 30, je me dis que l'emprise de l'école républicaine a faibli par rapport à beaucoup d'autres emprises. Ce qui serait peut-être plus urgent que tout ce qui est inscrit dans ce texte, c'est de restaurer la force et la présence de l'école républicaine.