Intervention de Alexis Corbière

Commission mixte paritaire — Réunion du 12 mai 2021 à 17h30
Commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi confortant les principes de la république et de lutte contre le séparatisme

Alexis Corbière, député :

Je veux adresser un avertissement, en particulier à mes collègues députés du groupe La République en Marche : quand on place une discussion sur un terrain qu'on ne maîtrise pas très bien et que l'on déforme certains termes au profit d'un agenda politique, on trouve toujours plus radical que soi ! La majorité sénatoriale l'a d'ailleurs démontré, et il existe une force politique, non représentée dans cette salle, plus radicale encore.

Au cours de nos auditions, certaines personnes étaient incapables de définir des notions centrales ou de fournir des chiffres et d'apporter une réalité matérielle à des sujets pourtant obsédants. Quel est donc le nombre de certificats de virginité délivrés en France ? Tout cela est resté très flou.

La laïcité est importante, elle est déterminante, mais bien telle qu'elle est définie dans la grande loi du 9 décembre 1905. Ainsi du refus du financement public des religions : nous avons choqué certains de nos collègues en rappelant qu'il y a encore trois départements métropolitains où cette loi n'est pas appliquée. Si tout le monde est obsédé par la laïcité, ne peut-on faire en sorte que ce qui la définit légalement soit également appliqué en Alsace-Moselle, et que l'on cesse de financer certaines pratiques cultuelles ? Nous sommes là en pleine actualité : la maire de Strasbourg a décidé, sans rompre avec la tradition, de financer un lieu de culte, ce qui a immédiatement choqué. On pourrait clarifier les choses !

Prenez garde : le mot de « laïcité » est devenu extrêmement trouble pour nombre de nos concitoyens. Comment expliquer la laïcité à nos élèves, quand elle est bien souvent utilisée avec un sens déformé ? Ce débat aurait pu être l'occasion de rappeler le sens réel de ce principe, mais cela n'a pas été le cas. La version du texte proposée par le Sénat ne le permet pas non plus. Je suis sidéré par les interdictions que la majorité du Sénat propose d'édicter envers les associations étudiantes : si elles étaient en vigueur, une association telle que l'Union des étudiants juifs de France ne pourrait pas exister !

Je suis personnellement défavorable à ce qu'un candidat arbore des signes religieux, mais quand certains se réclament de la fidélité à la République, je tiens à rappeler que l'abbé Pierre, élu député en 1945, posait en soutane pour son matériel électoral. À cette époque, cela ne choquait nullement nos collègues sénateurs ! Il en est de même pour la non-mixité : rappelons que l'école républicaine de Jules Ferry, dont beaucoup se réclament, n'était pas mixte.

Membre suppléant de cette commission mixte paritaire, je n'ai d'autre pouvoir que celui de ma parole. Vous l'aurez bien compris, je suis en désaccord avec le texte adopté par l'Assemblée nationale et plus encore, si cela est possible, avec celui du Sénat.

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