Je voudrais convaincre M. Vendegou de ma sincérité et de ma détermination à respecter tout l'accord de Nouméa et rien que l'accord. Je prendrai la suite de ce qui a été fait depuis des années. Vous tous, quelle que soit la rive où vous campez, partagez quelque chose ; vous créez un modèle neuf. Mon rôle n'est pas de faire des recommandations, certes, mais c'est le coeur qui parle. Vous êtes observés, vous serez imités. Nous animerons la mission de réflexion sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, mais après tant d'années de braise et de plomb, c'est une innovation formidable. Des crispations sont apparues durant la campagne, dépassez-les. J'ai reçu tous les élus de ce territoire ; j'ai rencontré le président du gouvernement, M. Harold Martin, ainsi que M. Roch Wamytan, président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, fonction qui va être renouvelée bientôt. Le nouveau gouvernement français accompagnera les évolutions, dès lors que les décisions prises sont marquées du sceau de la modération et de la sagesse. Je ferai tout pour que l'affaire du double drapeau ou mieux, du drapeau commun, ne provoque ni crispations ni blocages. Au-delà du jeu politique normal, vous avez un avenir commun en Nouvelle-Calédonie, ou en Kanaky, car il faudra aussi vous entendre sur un nom. Le gouvernement sera à vos côtés, sans vous précéder, mais comme décideur en dernière instance si nécessaire. Je veux faire quelque chose de beau avec vous, explorer une nouvelle conception du vivre ensemble. Cette tâche m'a été assignée par le président de la République et par le Premier ministre. Je m'y attellerai avec ardeur.
La demande de Mayotte a suscité une réserve de la part de la Grande-Bretagne - elle sera, après l'approbation de la Commission européenne et des autres instances européennes, inscrite à l'agenda du Conseil européen dès lors qu'elle ne fait plus l'objet de réserves parlementaires. Le Parlement britannique faisant relâche, nous n'avons pu lever la réserve dans les temps. Cependant, dans la procédure écrite, les vingt-six autres États doivent donner une sorte de nihil obstat. Il nous reste à obtenir la réponse de Malte, que nous attendons ce soir ou demain. L'européanisation de Mayotte se fera. Les Britanniques ont eu peur de flux migratoires intenses à partir de Mayotte. C'était une erreur, l'île n'appartenant pas à l'espace Schengen.
En Polynésie, les choses sont difficiles et cela ne date pas d'hier. J'ai reçu tous les élus, à commencer par le président M. Oscar Temaru. Je ne veux pas accabler mes prédécesseurs, aujourd'hui nous avons nos responsabilités, demain nous aurons nos douleurs. Mais enfin, un rapport de l'inspection générale des finances avait été envoyé à la collectivité, qui revenait à exiger la liquidation les biens de famille. Pour ma part, je demanderai des efforts, un plan de redressement, mais je ne lancerai pas d'oukases. Ce ministère est le vôtre, le lieu de la concertation, et s'il doit infliger des douleurs, il expliquera pourquoi et accompagnera les territoires concernés. J'ai repris langue avec la collectivité de Polynésie française et travaillé avec l'AFD afin d'éviter une crise de trésorerie - et préciser les voies et moyens d'un redressement. La Polynésie a demandé une révision de la gestion de la Dotation globale de développement économique (DGDE), en particulier du troisième instrument, un peu rigide. Nous examinons tout cela.