J'en ai reçu, mais rien n'a changé ! On a invoqué la survie financière de France Ô et la nécessité par conséquent de faire la part belle aux pays émergents et à l'hémisphère sud. Se réveiller à 3 heures du matin pour s'informer sur sa région, quelle galère ! Or ce n'est pas ce qui était convenu. Les parlementaires comme les téléspectateurs ont été mis devant le fait accompli : personne n'a vu venir la réorientation.
Sur les grands chantiers, et en particulier l'éducation nationale, oui il y aura des déclinaisons outre-mer ; j'ai du reste demandé à M. Vincent Peillon et Mme George Pau-Langevin de venir dans nos territoires. La « réussite éducative », intitulé des fonctions de la ministre, est un vrai souci chez nous ! Et pourtant le potentiel est là, certains de nos enfants deviennent normaliens ou centraliens... Tout se joue entre zéro et six ans ; il faut une scolarisation précoce. Sinon, l'illettrisme, fléau de nos territoires, progressera encore : il est de 25 à 30 % chez moi. Certaines collectivités n'ont aucune dotation disponible pour ce combat et l'on prélève parfois sur le Fonds social européen (FSE) de quoi financer quelques séances de formation à la lutte contre l'illettrisme. On a nommé des préfets à la cohésion sociale, ils sont dépourvus de moyens.
Notre ministère n'est pas associé à la rédaction du Livre blanc de la défense. Or, si je demandais à l'être, c'est que dans la nouvelle carte militaire, la Martinique, la Guadeloupe ont perdu leurs derniers contingents, le 41e Bima vient de partir, tout est désormais concentré en Guyane et en Nouvelle-Calédonie, l'ennemi ayant changé de zone d'action et de nature. On a redéployé les dispositifs de l'Afrique, du Moyen-Orient et des DOM. Quelle sera la nouvelle stratégie, la doctrine d'emploi de nos armées ? Quelle sera la place des DOM dans cette affaire ? Les militaires s'interrogent sur le devenir du budget de la défense et craignent qu'il devienne la variable d'ajustement. Je répondrai à votre question lorsque M. Le Drian m'aura lui-même répondu...
J'ai évoqué les nouvelles menaces auxquelles nous sommes confrontés dans nos régions : trafic d'armes, de stupéfiants, de produits illicites. Elles ne sont pas militaires, certes, mais posent un problème de sécurité, qui a d'ailleurs constitué le thème des sessions régionales de l'Institut des hautes études de défense national (IHEDN), de passage en Guadeloupe et en Guyane.
J'aimerais que le Livre blanc soit plus qu'une réactualisation, qu'il contienne du neuf, tenant compte des nouvelles contraintes et menaces, et de la nouvelle spatialisation des moyens que la République réserve à sa défense.
Un mot sur les hôpitaux, sujet extrêmement important. J'interrogeai ce matin en conseil des ministres Marisol Touraine : au-delà des effets d'annonce et des courriers largement diffusés, quelle est la réalité des inscriptions budgétaires ? À ce jour, je n'en sais rien. On demande un effort important à la Martinique, 90 millions de prêts, et on accorde 590 millions de subventions à la Guadeloupe. J'ai demandé à la ministre de cosigner les engagements pris pour la Martinique qui figurent dans la lettre aux parlementaires.
Nous ne remettons pas en cause l'économie générale des hôpitaux, mais une restructuration est nécessaire. En Martinique, le déficit atteint 300 millions : le plus gros de France ! Il faut créer un CHU unique. Mais le plan de redressement doit préciser qu'il n'y aura pas de licenciement sec, et qu'en dehors des non-remplacements de postes, une partie des effectifs pourra être transférée dans le secteur médico-social. Les engagements pris envers le maire de Trinité seront tenus : près de 55 millions d'investissement sont prévus, et le développement d'activités nouvelles - maternité, diabétologie par exemple - en contrepartie de la disparition des activités chirurgicales. Nous avons une difficulté avec les syndicats, qui dénoncent une fusion-absorption. J'ai donc demandé une nouvelle concertation ; toutes les commissions médicales ont donné un avis favorable.
Je demande la même clarification du financement en Guadeloupe, et serai en mesure de vous répondre au sujet du pôle sanitaire de La Réunion quand la ministre m'aura répondu.
Wallis et Futuna est un problème interne à mon ministère, puisqu'elle compte la seule agence non payée par le ministère de la santé. Cette affaire me coûte 35 millions !
En Guyane, nous verrons l'évolution des plans régionaux de santé.
En définitive, c'est tout le secteur sanitaire et social qui devra être réévalué.