A propos de la contribution des éditeurs, rappelons qu'il y a 25 ans, avec le fondateur des Éditions de Minuit, nous avons créé l'Adelc (association pour le développement de la librairie de création), un fonds qui a accordé à plus de mille librairies des prêts destinés à financer des opérations aussi diverses que des successions ou des travaux et qui sont remboursés en fonction des possibilités des librairies concernées. Depuis les assises de Lyon tenues il y a un an, les éditeurs ont mis en place de nouvelles remises bénéficiant à de petits points de vente ou encore accordé des points supplémentaires pour la constitution de fonds ou la diffusion d'ouvrages de fonds. Au regard des règles de concurrence, nous devons toutefois faire attention à la façon dont nous distribuons ces aides.
Chaque libraire ayant ses propres problèmes, les éditeurs les aident au quotidien en maintenant des comptes ouverts, en gérant les stocks ou en prenant en charge les dépôts.
Nous souhaiterions aussi pouvoir pérenniser un certain nombre d'initiatives, telles que les aides à la trésorerie. Le modèle des cinémas d'art et d'essai est intéressant, même si le libraire doit rester un commerçant.
Les marges qui représentaient 3 % du chiffre d'affaires se situent aujourd'hui autour de 0,5 % ; d'où une difficulté à voir des jeunes prendre le relai, à laquelle il faut aussi s'attaquer.
Si les grandes libraires de 500 à 1 000 m2 fonctionnent bien, tel n'est pas le cas de petits points de vente en province ou des maisons de la presse. Mais faut-il aider ces dernières qui correspondent à un système de vente dépassé ?
Nos avions aussi mis en place un label libraires initialement fiscal dont certains pensent qu'il pourrait valoir aux librairies d'obtenir quelques points supplémentaires. Comme vous le voyez, les éditeurs sont prêts à aider les librairies au moyen de différents dispositifs, en parallèle du fonds qu'il reviendrait à l'État de créer, si nous parvenons à convaincre Bercy.
Au moment où Amazon livre en 24 ou 48 heures, il est vrai qu'attendre un livre 8 jours est incompréhensible. La solution passe par la constitution de dépôts régionaux ou l'utilisation de la plateforme interprofessionnelle de regroupement des commandes, Prisme, qui a pu, au profit de tous, faire baisser le prix des transports de 30 %. Il ne faudrait pas que la mise en place de systèmes propres à certains groupes se fasse au détriment de cet outil. Ne perdons pas de vue que pour conquérir sa position, Amazon a accepté de perdre beaucoup d'argent car le franco de port a un coût important.
La solution devrait passer par des associations entre libraires en s'appuyant notamment sur les outils Tit-liv et Datalib, permettant de prendre des commandes et de les suivre localement. Il convient aussi de veiller par exemple à ce qu'Amazon ne conduise pas à confondre livres neufs et livres à l'état neuf, ainsi qu'à promouvoir des systèmes ouverts et standards à la différence de ceux de Google, d'Amazon ou d'Apple.
Nous nous félicitons tous les jours du prix unique du livre numérique mais nous craignons sa remise en cause, notamment par l'accord entre l'Europe et les États-Unis. Pourtant, le prix unique est déjà en vigueur dans 17 pays et Israël s'apprête à l'adopter. Pour le défendre, il faut continuer à faire beaucoup de pédagogie.