Intervention de Claude Dilain

Commission des affaires économiques — Réunion du 24 juillet 2012 : 1ère réunion
Politique de la ville — Audition de M. Didier Migaud premier président de la cour des comptes

Photo de Claude DilainClaude Dilain :

Je tiens à vous féliciter pour cet excellent rapport. Malheureusement, nous partageons votre vision critique et une grande partie de vos recommandations, avec de nombreux élus locaux, en particulier les membres de l'association des maires Ville et banlieue de France. Il ne s'agit pas d'enterrer la politique de la ville, n'en déplaise à ses ennemis, mais au contraire de lui donner un nouveau souffle.

Comme vous, nous déplorons la faible mobilisation des politiques publiques en direction des quartiers prioritaires et pensons qu'un redéploiement des moyens de droit commun est nécessaire. Nous ne savons pas où est dépensé l'argent public. Il est temps d'engager une politique de géolocalisation de l'action publique. Ainsi ai-je découvert qu'un élève de Paris intra muros coûte plus cher qu'un élève de banlieue. Il y aurait beaucoup à dire, comme le sait Marie-Noëlle Lienemann, sur les bailleurs sociaux.

Il faut en tirer les conséquences sur la gouvernance, puisque, comme vous le soulignez, « l'action est mal pilotée ». Vous regrettez à juste titre que la délégation interministérielle à la ville ait été transformée en simple secrétariat. Pour mener une action interministérielle, redonner une légitimité politique au redéploiement des moyens, nous recommandons de cesser de cantonner la ville à un secrétariat d'État ou un ministère délégué, mais d'en faire un ministère d'État, ou de revenir à une délégation interministérielle puissante, administrativement et politiquement, comme elle l'était au temps d'Yves Dauge.

Les délégués des préfets jouent un rôle très positif dans la plupart des départements, mais ils n'ont pas l'autorité nécessaire pour réparer ce que vous avez dénoncé, contrairement aux préfets à la cohésion.

Vous avez été très dur à l'encontre des opérations de renouvellement urbain. Vous pouvez l'être si vous vous référez à l'objet de la loi qui est de réduire les écarts. Mais si vous demandez aux bénéficiaires ou aux voisins ce qu'ils en pensent, ils feront état, à plus de 70 %, de leur satisfaction. Je vois se lever les ennemis de la rénovation urbaine, aussi faut-il sans doute modérer ces critiques.

Quant à ces départements qui ont fait couler beaucoup d'encre, ce que je regrette, les journalistes ayant mal lu votre rapport, je constate qu'ils sont visés « prioritairement » et non pas « exclusivement », ce qui me va très bien.

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