Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, après la suppression de la déductibilité fiscale de la provision pour investissement dont nous avons débattu hier et que j'ai voulu empêcher sans succès, vous vous attaquez maintenant la prime à travers l'augmentation du forfait social.
Quel est le véritable objectif de cette opération ? J'en vois deux : soit il s'agit pour vous de récupérer de l'argent pour réduire le déficit budgétaire actuel – dans la situation actuelle, à la limite, pourquoi pas, même si cela me paraît dérisoire ? –, soit vous êtes animés par la volonté politique de supprimer la participation.
Lors des différentes interventions des membres de la majorité au cours de nos débats d'hier, j'ai cru comprendre que vous vous attaquiez à la participation, parce que, pour vous, seul comptait le salaire. Ce n'est pas du tout notre cas.
Je souhaite insister sur le fait que la participation et l'état d'esprit qu'elle suppose, c'est fondamental dans l'entreprise. Pour moi, j'appelle cela la gestion participative : je prends en compte non seulement l'élément financier, mais aussi l'élément philosophique, l'élément de gestion du personnel dans l'entreprise.
Le personnel fait partie de l'entreprise. En effet, dans une entreprise, on compte quatre acteurs fondamentaux. Le plus important, ce n'est pas l'actionnaire, ce ne sont pas non plus les syndicats, ni même les salariés, c'est le client ! On l'oublie souvent, mais c'est pourtant lui qui gère l'entreprise, en décidant d'acheter ou de ne pas acheter. S'il n'achète pas, il n'y a pas d'entreprise, donc pas d'emplois. Par conséquent, il faut que l'entreprise marche, qu'il y ait un consensus, que tout le monde s'implique pour permettre des prix compétitifs, pour développer l'emploi et l'activité.
Pour cela, j'ai appliqué dans mes entreprises un système qui s'appelle la gestion participative et qui plaît au salarié, parce que cela améliore son intégration. Le salarié n'est pas seulement une main qui fait fonctionner une machine : c'est un esprit, un cœur. Il faut donc y être attentif, l'informer, lui donner des responsabilités, reconnaître sa dignité et le récompenser quand ça marche. C'est la participation !
Mes chers collègues, si, sur cette mesure, le Gouvernement est animé par des considérations plus financières que philosophiques, je suis moins hostile à cette augmentation, même s'il serait bon qu'elle fût moins forte.
Aujourd'hui, nous souhaitons la suppression de cet article et le maintien du taux de 8 %, ce qui n'est déjà pas si mal. Aujourd'hui, pour l'entreprise, pour la réussite, pour l'emploi que vous cherchez tous, pour le développement de l'économie, il faut travailler ensemble. L'entreprise n'est pas un endroit où l'on se bat les uns contre les autres. « Le patron peut payer. » : je ne connais que trop cette formule ! Non, le patron ne peut payer que s'il a de l'argent. Il est donc normal qu'il paye plus lorsqu'il dégage des bénéfices et qu'il paye moins lorsqu'il n'en fait pas assez.
Monsieur le ministre, éclairez-nous : quelle est votre véritable motivation : est-elle plus budgétaire que philosophique ?