Intervention de Rose-Marie Van Lerberghe

Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale — Réunion du 20 décembre 2010 : 3ème réunion
Audition de Mme Rose-Marie Van lerberghe candidate proposée par M. Le Président de la république pour siéger au sein du conseil supérieur de la magistrature

Rose-Marie Van Lerberghe :

J'ai été frappée de voir combien chez les médecins, pourtant prompts à se prendre du bec, le réflexe corporatiste revenait en force dès que l'on faisait mine de mettre en cause l'un des leurs. J'ai tenté de leur expliquer que cette attitude ne les servait pas, car il est essentiel d'évaluer le service rendu. Les classements du Point et de L'Express montrent assez que les Français veulent connaître la qualité non seulement des hôpitaux, mais de chaque service, et partant de chaque médecin. Je leur ai dit qu'il leur revenait de mettre en place une évaluation. Il n'est pas de bonne politique de mettre les fautes et les dysfonctionnements sous le boisseau.

S'il est bon, à mon sens, de donner la parole au citoyen ordinaire, il ne faut pas que le dialogue s'engage dans le conflit. J'en ai eu l'expérience, à l'AP-HP, avec les associations de patients, et je sais que la chose n'est pas simple. Je sais que si l'on veut avancer, il est essentiel d'écouter les arguments de chacun. A tous ceux que j'ai vu arriver dans mes services, j'ai toujours demandé un « rapport d'étonnement » après leurs trois premiers mois. Je pense que le questionnement fait évoluer. C'est le moyen de passer de l'affrontement à la convergence. Dans ma formation universitaire, plus que les sciences politiques, c'est la philosophie qui m'a marquée. Je reste profondément hégélienne et crois que ce sont les confrontations qui font progresser. Je crois aussi au devoir d'étonnement. A l'AP-HP, c'est ainsi que le dialogue entre administration et médecins, d'abord difficile, s'est peu à peu noué. Je pense qu'il peut en être de même au CSM. De questionnement en questionnement, on procède à des ajustements progressifs, pour aller vers la convergence. Mais il faut savoir que les outils dont nous disposons, comme l'entretien d'activité, peuvent être très bien ou très mal utilisés. Partout où je suis passée, j'ai toujours fait suivre au comité de direction une formation à l'entretien. Il est évident que l'outil doit s'adapter au milieu. Dans la fonction publique, il doit prendre en compte les règles statutaires. Je ne crois pas au prêt-à-porter : ce qui vaut dans le privé ne peut s'ajuster tel quel au public.

Vous me demandez si j'entends mettre à profit les responsabilités qui ont été les miennes en matière de ressources humaines. C'est une bonne question. Pour faire évoluer la gestion des compétences, il faut un patron. S'il ne donne pas l'impulsion, le service des ressources humaines ne peut rien. Dans l'univers judiciaire, cependant, il n'y a pas de patron. C'est le prix de son indépendance. Comment, dans un monde indépendant, parvenir à une meilleure adéquation des emplois aux compétences - démarche qui n'a rien à voir avec une politique du mérite, mais doit prendre le pas sur l'ancienneté ou tout simplement le piston ? C'est là tout l'intérêt du CSM.

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