De nombreuses cohortes sont créées grâce à la médecine du travail. Des difficultés existent. J'en donnerai un exemple : l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail, aujourd'hui intégrée à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), s'est intéressée aux effets des nanomatériaux. Le taux de réponse aux questions posées aux industriels a été très faible, pour des raisons de secret industriel et d'image. Par exemple, bien que les crèmes solaires contiennent des nanoparticules, il a été impossible de travailler avec l'Oréal sur leur impact possible pour les employés qui les manipulent. Lorsque je prends rendez-vous avec le directeur de l'environnement de l'Oréal, en tant qu'épidémiologiste, il me donne rendez-vous aux « Deux-Magots »... Pour faire face aux réticences des industriels, les épidémiologistes sont désarmés.
Les informations de la médecine du travail appartiennent aux employeurs et aux organismes représentatifs, réticents à les transmettre pour des recherches épidémiologiques. Dans les métiers exposés, il y a généralement des primes de risque, dont les organisations syndicales craignent la remise en cause. Les réticences sont donc partagées entre patronat et syndicats. Par ailleurs, il convient de rester très prudent, car les conséquences potentielles sur l'opinion publique sont importantes.