Après que M. Gérard Bailly, rapporteur, a rappelé le cadre général de l'audition, M. Jean-Marie Aurand a tout d'abord souligné le déclin dont était affecté l'élevage ovin français depuis plusieurs années, malgré les efforts consentis à travers plusieurs plans successifs de soutien ou de relance -le dernier ayant pris fin en 2006- et les actions diverses menées dans le domaine de la génétique, des investissements, de l'appui technique et de l'augmentation de la croissance des troupeaux.
La situation, a-t-il poursuivi, se caractérise par un taux de couverture du marché très faible, de l'ordre de 40 % au niveau national, sachant qu'il est de 80 % au niveau communautaire. L'Europe est déficitaire et importe le reste de la production essentiellement de Nouvelle-Zélande par contingents de 220.000, voire 230.000 moutons, ces flux commerciaux s'expliquant par les accords consolidés dans le cadre du GATT lors de l'entrée du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Ce phénomène général de déclin, qui s'est accentué en France ces dernières années malgré le rôle important d'aménagement du territoire de l'élevage ovin, trouve son origine dans les années 1960-70, période à laquelle les exploitations ont commencé à se spécialiser. L'élevage ovin constituait alors un complément de revenu et était essentiellement géré par les grands-parents dans les fermes. A leur décès, le troupeau était supprimé au profit de la constitution d'un troupeau principal, souvent bovin, de lait ou de viande. Au fil des années, les petits élevages, qui représentaient une réelle part de la production, ont connu une véritable hémorragie.
La France compte aujourd'hui 43.000 éleveurs ovins, dont 18.000 possèdent plus de 100 brebis. Ces chiffres témoignent d'un certain degré de spécialisation, plus de 60 % des éleveurs étant en effet marginaux. Sachant par ailleurs que 61 % des exploitants ont plus de 50 ans, il est acquis que cette frange de petits éleveurs âgés est appelée à disparaître.
A M. Gérard Bailly, rapporteur, qui l'interrogeait sur l'existence d'éleveurs ovins n'ayant pas le statut d'agriculteur, M. Jean-Marie Aurand a répondu que de tels cas étaient très rares, l'essentiel des éleveurs étant constitué de petits producteurs. Si 60 % de la production de vaches allaitantes est couverte par les droits à primes, a-t-il continué, le secteur ovin possède quant à lui une marge réelle au niveau national. Le déclin de l'élevage ovin français et communautaire s'explique en partie par la stagnation, voire la baisse de la consommation ovine, du fait notamment du goût prononcé de la viande, peu recherché par les consommateurs actuels.
Il a indiqué que les prix, après de fortes chutes du fait de la crise de la fièvre aphteuse en 2001, avaient retrouvé un niveau correct et s'établissaient à plus de 5 euros au kilogramme. Estimant donc que le niveau des prix ne constituait pas un réel obstacle au développement de la filière, il a préféré expliquer son déclin par le caractère dissuasif du rapport entre la pénibilité du travail et la productivité, jouant en défaveur de l'élevage ovin au regard notamment de la filière bovine.
A M. Gérard Bailly, rapporteur, qui l'interrogeait sur ce point, M. Jean-Marie Aurand a répondu que l'équivalence en unités gros bétail (UGB) était fixée au niveau européen, à un coefficient de 0,15, et qu'elle ne semblait pas pouvoir faire l'objet de révision.
Après que M. Gérard Bailly, rapporteur, a souligné la faiblesse de cet équivalent par rapport au niveau des primes, appelant à trouver des formules permettant d'obtenir leur revalorisation, M. Jean-Marie Aurand a fait remarquer que l'équivalence était un critère technique, et non économique.