Intervention de Fabienne Keller

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 5 juillet 2012 : 1ère réunion
Maladies infectieuses émergentes. présentation du rapport

Photo de Fabienne KellerFabienne Keller, rapporteure :

Notre rapport comporte une synthèse des études britannique et chinoise. Elles n'envisagent pas tant des leviers d'action que des scénarios correspondant à diverses hypothèses, afin de déterminer l'organisation qui en découle. Elles aboutissent à peu près aux mêmes conclusions que nous. Les Chinois ont traduit leurs résultats en propositions opérationnelles, à partir du constat de leurs retards dans la prise en compte de facteurs de risques, comme les maladies sexuellement transmissibles.

La crédibilité de la parole politique pourrait faire l'objet d'un séminaire ! Nous sommes très bas sur l'échelle de crédibilité, les médecins très haut. Aussi le politique n'est-il pas toujours écouté comme il devrait l'être lorsqu'il se mêle de santé et entend fixer des règles en la matière.

Je vous renvoie à l'antimanuel de communication de crise publié en page 65 de notre rapport : silence, absence de communication ; fermeture (no comment) ; démentis (« il ne se passe rien ») ; déclarations « rassurantes » ; manque total d'humilité ; dégagement sur d'autres responsables ; incapacité à donner des informations minimales sur des données élémentaires ; mise en cause de ceux qui informent. Il faut, a contrario, reconnaître qu'il y a bien un problème, démontrer son sérieux, dire ce que l'on sait et accepter de dire ce que l'on ne sait pas. Il faut aussi être organisé et disposer de relais. Il me semble que notre dispositif est trop institutionnel et s'en remet essentiellement aux agences. Comment interagir, dans la communication, et disposer de relais vers les médecins, en les associant aux mesures à mettre en oeuvre ? Comment, de même, être mieux à l'écoute de la population ? Voyez l'exemple de la maladie de Lyme, véhiculée par les tiques, dont les spécialistes disent qu'elle est bien maîtrisée, tandis que les malades se plaignent du contraire. Nous pourrions prendre exemple sur la Suisse ou l'Autriche à ce sujet. La connexion entre l'information de terrain et le système institutionnel est trop faible. Il y a la place pour un lieu d'échanges, de rencontres, pour vérifier la validité des informations : tout un programme !

Sur la recherche sur les antibiotiques, nous dressons un constat. J'ai assisté à Libreville, au Gabon, à un séminaire réunissant l'ensemble des spécialistes des maladies infectieuses. En Inde, j'ai consacré cinq jours à la lutte contre la tuberculose. La recherche s'est bloquée lorsque la maladie ne concernait plus les pays occidentaux, qui seuls ont les moyens de la mener. La moitié des cas actuels concerne l'Inde et la Chine. Pendant une dizaine d'années, la recherche a régressé. On a utilisé des diagnostics et des médicaments datant de plusieurs décennies. Le bacille de Koch est devenu multirésistant. On a employé plusieurs antibiotiques à la fois et la tuberculose est devenue résistante à tout. Elle revient en Seine-Saint-Denis, où elle touche des populations d'origine étrangère, vivant dans de mauvaises conditions sanitaires.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion