Intervention de Jean-Marc Bournigal

Mission d'information sur les pesticides — Réunion du 10 juillet 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Marc Bournigal président de l'institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture irstea et de M. Pierrick Givone directeur général délégué recherche innovation

Jean-Marc Bournigal, président de l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (IRSTEA) :

Je ne suis président de l'IRSTEA que depuis trois mois. Auparavant, je travaillais au ministère de l'agriculture. Je me suis un peu occupé des pesticides dans le passé. M. Pierrick GIVONE, directeur délégué en charge notamment de la partie scientifique, pourra compléter mes propos.

Le champ de compétence de l'IRSTEA n'est pas directement lié aux pesticides mais plutôt à l'eau, à la gestion des risques naturels, à l'écologie autour des territoires et aux écotechnologies, dont l'assainissement et les compétences du centre sur le machinisme agricole. C'est à ce dernier titre que l'institut est appelé à s'occuper des pesticides. En revanche, l'IRSTEA n'a pas de compétences agronomiques ; il n'est pas impliqué dans le plan Ecophyto 2018.

Nos compétences en machinisme agricole nous ont conduits à étudier les tracteurs et les pulvérisateurs, ainsi que d'autres types de machines, en accordant une attention particulière à l'ergonomie des machines agricoles.

Nous nous sommes donc préoccupés de la sécurité des travailleurs et de l'expologie des agriculteurs. D'où le travail conduit sur les pulvérisateur pour prendre en compte l'exposition potentielle complète de l'agriculteur depuis le remplissage du pulvérisateur jusqu'au nettoyage du matériel, en passant par l'étanchéité des cabines de tracteurs, les caractéristiques du pulvérisateur au sol - souvent des espèces de brouettes mécanisées - sans omettre les moments où l'agriculteur descend du tracteur pour déployer les rampes d'épandage, nettoie avec ses mains les buses qui se bouchent, ni la phase de nettoyage final du matériel.

Ce bilan expologique va intéresser les industriels et le ministère de l'agriculture.

L'IRSTEA a été saisi aussi de l'épandage aérien sur les bananeraies en outre-mer, qu'il s'agisse du traitement aérien lui-même ou du travail préalable de cartographie imposé pour pouvoir appliquer l'arrêté de 2004 sur le respect des zones de 50 mètres entre les bâtiments ou les cours d'eau permanents et l'épandage.

Nous avons aussi testé les matériels - notamment toutes les buses - pour limiter la dispersion, mais également les rampes, aussi bien sur les avions que sur les hélicoptères. Nous avons enfin élaboré un logiciel de traçabilité à partir d'un repérage GPS, après avoir établi des cartographies.

Ce système a été mis en oeuvre parallèlement au travail sur le développement de méthodes alternatives au sol, ce qui a conduit à tester tous les matériels existants, dont les canons au sol et les lances, peu ou pas du tout performants, notamment par comparaison avec les descriptions des catalogues (capacités, distances, répartition des doses, expologie).

Quant aux équipements de protection individuelle, ils ne sont pas testés par l'IRSTEA.

Un nouveau système de traitement au sol avec une nouvelle tête de pulvérisateur est en train d'être testé par l'IRSTEA. Ce prototype préindustriel sera capable de gravir des pentes relativement importantes et de passer entre les bananeraies avec une perche qui monte à 7 mètres.

Notons que la chlordécone n'est jamais épandue de façon aérienne, mais au pied des bananiers.

En termes d'expologie, l'ANSES s'est autosaisie de l'efficacité des équipements de protection individuelle. Dans le cadre de la première partie de cette étude, l'IRSTEA a recensé l'ensemble des équipements de protection individuelle commercialisés sur le marché. Il a mené une enquête auprès des agriculteurs pour savoir comment ils utilisaient ces protections. Ce rapport sera rendu fin juillet ou début août 2012.

Les combinaisons - à usage unique - ne devraient être utilisées qu'une demi-journée. En réalité, les agriculteurs les utilisent plusieurs fois, ou ne les utilisent pas assez ou pas au bon moment. Ils sous-estiment les risques de contamination, notamment par la peau, lorsque la buse se bloque ou lorsqu'il faut plier ou redéplier les bras de la rampe d'épandage. Parfois, une cigarette est allumée sans ôter des gants souillés.

Une seconde phase de l'étude, non confiée à l'IRSTEA, tendra sans doute à évaluer l'efficacité des équipements de protection, de leurs textiles. L'efficacité des combinaisons n'entre pas dans le champ de compétence de l'IRSTEA.

Comme il a déjà été indiqué, l'IRSTEA a précisé l'expologie à travers l'ergonomie des machines, notamment en apposant des patches sur tout le corps des utilisateurs. La même méthode peut être appliquée aux équipements de protection.

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