Intervention de Sylvaine Cordier

Mission d'information sur les pesticides — Réunion du 20 juin 2012 : 1ère réunion
Audition de l'institut national de la santé et de la recherche médicale inserm

Sylvaine Cordier, directeur de recherche, responsable de l'équipe de recherches épidémiologiques sur l'environnement et la reproduction de l'Université de Rennes I :

Mes travaux portent sur l'exposition aux pesticides pendant la grossesse. Les sources d'exposition aux pesticides en population générale, outre les activités professionnelles, comme celle des agriculteurs ou des vétérinaires, comprennent aussi l'alimentation. La période prénatale conditionne la vie entière. Pour courte que soit cette période, elle se caractérise par une très grande vulnérabilité du foetus. L'exposition aux pesticides peut avoir un impact sur le déroulement de la grossesse, le poids à la naissance, la prématurité, le développement de l'enfant. Il est probable que d'autres impacts sur la santé seront découverts.

Une méta-analyse est disponible sur les fentes orales : l'augmentation du risque suite à une exposition maternelle aux pesticides est de 37 % ; celle sur les hypospadias montre une augmentation du risque de 36 %. Trois des quatre études publiées ultérieurement montrent un risque augmenté. Sont concernées des mères qui ont travaillé pendant leur grossesse dans des professions potentiellement exposées aux pesticides. On ne peut cependant mettre en évidence la responsabilité d'un produit plutôt que d'un autre, d'autant que les associations sont possibles, de même que peut exister une susceptibilité génétique particulière. Beaucoup d'études se fondent sur le sang du cordon.

Il a également été souligné l'augmentation possible du risque de malformations congénitales après exposition résidentielle à des pesticides : la diminution possible du poids de naissance lors d'exposition prénatale aux triazines et aux insecticides organophosphorés ; plus solide, grâce à quatre études de cohorte, l'impact de l'exposition prénatale aux organophosphorés, au chlorpyrifos en particulier, sur le neuro-développement se traduisant par l'altération de la motricité fine, la diminution de la mémoire à court terme, des difficultés attentionnelles.

En outre, on peut mettre en évidence un effet possible de l'exposition aux pesticides anciens et persistants, via l'alimentation. Par exemple, le lindane aurait des effets sur la croissance et l'obésité de l'enfant, à travers des mécanismes de perturbation endocrinienne. Enfin, il y a d'autres cibles potentielles, comme la maturation sexuelle ou les fonctions thyroïdiennes.

Pr Geneviève Van Maele-Fabry. - Les études sur les leucémies de l'enfant font apparaître une augmentation statistiquement significative, mais faible, du risque dans la plupart des méta-analyses de cas-témoin. Cette augmentation est plus marquée après une exposition maternelle pendant la grossesse. L'évidence épidémiologique est forte, mais les données sont insuffisantes pour démontrer le lien de causalité.

Pour les cancers du cerveau chez l'enfant, on a constaté une augmentation significative du risque, y compris dans les études de cohortes, mais sur des données qui demeurent très limitées et devront être confirmée par d'autres relatives à la plausibilité biologique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion