Intervention de Henri Tandonnet

Mission d'information sur les pesticides — Réunion du 12 juin 2012 : 1ère réunion
Audition du dr nadine houedé oncologue à l'institut bergonié centre régional de lutte contre le cancer de bordeaux et du sud-ouest

Photo de Henri TandonnetHenri Tandonnet :

En quarante ans de pratique professionnelle dans le monde judiciaire, je n'ai jamais vu, dans le contentieux général de la sécurité sociale, de reconnaissance de la maladie professionnelle d'un agriculteur. Les contentieux ont pourtant évolué avec le temps.

Dr Nadine Houedé. - Ils ont peur. L'un de mes patients est allé au bout de la procédure et a gagné. Il est ensuite venu me remercier. Pour ma part, je ne leur parle pas d'argent mais d'une reconnaissance. Cet homme de quarante ans, non fumeur, était venu me voir pour un cancer de la vessie. Il avait déjà fait deux infarctus et eu un problème vasculaire thrombotique. Ses trois maladies, anormales à son âge, allaient donc dans le même sens. Il est le seul que je connaisse pour qui le traitement du dossier ait été rapide. J'ai moi-même lancé l'établissement de son dossier en raison du refus de son médecin traitant de le prendre en charge. Peut-être mon courrier a-t-il permis de l'enregistrer si rapidement, à savoir en trois ou quatre mois ?

Quel métier ce patient pratiquait-il ?

Dr Nadine Houedé. - Il était exploitant agricole dans le domaine des grandes céréales. Il exploitait donc des terres et non des vignes.

Vous m'avez demandé les actions qui pourraient être entreprises sans nécessiter d'attendre la constitution d'une cohorte. Je suggérerais que des études exposés/non exposés soient lancées sur le modèle des études de cas témoins. Le Dr Isabelle Baldi, qui est épidémiologiste, serait plus à même que moi de les mener.

Ces études consisteraient à étudier trois groupes de patients à un moment T, à savoir des exposés directs, des exposés indirects, comme la famille ou les riverains, et des non exposés appariés. Ces derniers devraient avoir le même âge et le même sexe que les personnes exposées et ne pas présenter de facteurs confondants. Leur recrutement relèverait donc d'un travail d'épidémiologie. Les chercheurs pourraient ensuite se pencher sur le nombre de cancers et autres pathologies dans chaque catégorie. Des tests statistiques permettraient ensuite de savoir s'il existe un risque relatif supérieur de développer des maladies dans la population exposée.

La difficulté réside dans le fait que les pesticides déclenchent différents types de cancers, dont certains sont rares, comme les glioblastomes ou les sarcomes. Or la puissance statistique nécessite la survenue d'un certain nombre de cas.

Comme vous le savez, le Sud-Ouest est une région très agricole et viticole. De plus, nos services de cancérologie sont organisés autour du cancéropôle Grand Sud-Ouest. Une éventuelle enquête épidémiologique pourrait donc s'appuyer sur cette structure, qui comprend les villes de Bordeaux, Toulouse, Nîmes, Montpellier et Limoges.

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