Intervention de Jean-Marie Pelt

Mission d'information sur les pesticides — Réunion du 12 juin 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Marie Pelt professeur émérite des universités en biologie végétale président de l'institut européen d'ecologie iee

Jean-Marie Pelt :

Tout à fait. Le cancer de la prostate était à l'origine un cancer de personnes âgées considéré comme ayant une évolution très lente. Aujourd'hui, il apparaît plus tôt. Il est donc plus dangereux.

Les pesticides ont également un impact sur le système neurologique. Un paysan atteint de la maladie de Parkinson et convaincu qu'elle était liée à sa manipulation de pesticides a trouvé, par l'intermédiaire de médecins ou de militants écologistes, plusieurs études publiées aux États-Unis montrant que les paysans déclarent quatre à cinq fois plus la maladie de Parkinson que le reste de la population. L'une de ces études prend également en compte la maladie d'Alzheimer, qui toucherait deux fois plus les populations agricoles.

Ces effets neurologiques sont surtout liés à certains insecticides qui tuent les insectes en perturbant leur système nerveux, empêchant par là même les abeilles de retrouver leur ruche. Or le système nerveux des insectes ressemble davantage au nôtre que nous ne le pensions. Nous sommes donc victimes du même phénomène. Du reste, depuis peu, la MSA prend en compte le caractère professionnel de la maladie de Parkinson.

J'ai également été très étonné par une étude mexicaine portant sur des enfants Yaqui dans l'immense vallée de Sonora, où se pratique une agriculture conventionnelle très riche en pesticides. De part et d'autre de la vallée se trouvent des contreforts montagneux boisés qui abritent de petits villages dont les habitants vivent en contact étroit avec la nature et n'utilisent aucun pesticide. L'étude a comparé les enfants vivant dans la plaine et sur les contreforts. Les chercheurs leur ont notamment demandé de dessiner des bonshommes. Les enfants de la plaine ont dessiné des personnages sans bras, sans jambes, sans tête. Les enfants de la montagne, eux, ont dessiné de vrais petits bonhommes.

Il semble également que les enfants de la plaine aient moins de mémoire et racontent moins bien les histoires. Enfin, ces enfants sont plus agressifs que ceux des contreforts. Ils ont donc un développement personnel plus lent et sont plus méchants. Les chercheurs en ont conclu que l'hyperactivité tant discutée chez les jeunes, et spectaculaire chez les enfants de la plaine, pourrait être liée à des facteurs chimiques, entre autres.

Je terminerai avec les effets des pesticides sur le système immunitaire. J'ai moi-même un voisin paysan, que j'aime beaucoup. Il est toujours malade. Sa femme me dit souvent qu'ils se sont empoisonnés toute leur vie. Elle a raison. On dit toujours que les paysans ont une santé plus robuste que les urbains. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Les statistiques de la MSA font état de 100 000 cas annuels de pathologies chroniques liés aux pesticides, en dehors de 280 cas de toxicité aiguë repérés en 2010. Les pesticides sont à l'origine d'une chute de l'immunité ayant des conséquences sur les maladies bactériennes ou virales.

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