Les résultats de l'enquête qu'a menée le Sénat auprès des élus à l'occasion des États généraux de la démocratie territoriale sont passionnants : finalement, tout est possible ! Il faut, certes, régler les questions de responsabilité publique et des moyens financiers. Peut-on sérieusement penser s'en sortir en dépensant moins pour ce qui est commun : la culture ? A l'État de prendre ses responsabilités.
S'il n'existe plus de déserts culturels, je reconnais volontiers que la décentralisation n'est pas terminée. La Bretagne ne doit-elle pas, comme Metz avec le centre Pompidou, avoir un grand établissement décentralisé ? Par parenthèse, l'État a tardé à accorder les derniers 100 millions pour que le Mucem, le premier grand projet décentralisé national, voit le jour à Marseille...
Une véritable décentralisation suppose une relation équilibrée, l'État ne peut pas travailler avec un partenaire fiscalement pauvre. Nous avons autant besoin d'une réforme fiscale que de routes et d'équipements. Pourquoi les bibliothèques sont-elles une réussite ? Parce que tous les acteurs ont accepté de se mettre autour de la table et de cofinancer les projets. On continue, au reste, à en construire, comme on continue de construire des médiathèques. Les scènes nationales ? On en compte 66, à moins d'une demi-heure de route de chaque habitation. Elles nous ont d'ailleurs inspirés pour les EPCC. Appuyons-nous sur ce qui fonctionne, plutôt que de tout ratiboiser.
Les contrats de plan État-région ? La culture, ce n'est pas seulement des équipements ; ce sont aussi des pratiques. Nous sommes mieux placés pour l'expliquer que les artistes, dont la vision, et c'est bien normal, est souvent corporatiste. Une route, c'est une vision culturelle : on ne construit pas de la même façon à Paris, dans une ville de province ou un territoire rural. Derrière, il y a toute une série de concepts... Oui à la mutualisation des moyens mais aussi des intelligences : on pourrait très bien imaginer des instances de concertation pour la culture, comme il en existe pour les grands équipements tels que les tramways. Reste à savoir qui sera chef de file, mais c'est une autre question...
Les DRAC ? Je le répète : à l'État de jouer son rôle. Nous défendons ces directions pourvu qu'elles soient réformées et dotées de moyens suffisants. Nous ne voulons plus des DRAC des années 1960 ; nous avons besoin des conseils de l'État, pas de sa prescription.
L'intercommunalité est le grand chantier du XXIe siècle. Une communauté de trois villes, c'est autre chose que l'addition de trois villes. Autant il ne faut pas retirer les compétences culturelles aux communes, comme l'a bien dit Mme Cartron, autant les projets intercommunautaires sont nécessaires. Nous avons passé en revue les projets de pays : certains racontent des histoires, mais tout n'est pas à jeter... Peut-être avons-nous besoin d'une loi pour encourager la mutualisation et les concertations avec les professionnels, chères au Sénat, dans un pays qui est traditionnellement très compartimenté.