J'aimerais tout d'abord lever un doute sur la pertinence de l'unification du gestionnaire d'infrastructure. Nous vivons un système qui est une exception en Europe, et même dans le monde entier, avec un dispositif à deux acteurs, l'un gestionnaire d'infrastructure, l'autre qui est son délégué, avec la complexité et les multiples interfaces que l'on vient d'évoquer.
Partout en Europe, les gestionnaires d'infrastructure regroupent la totalité des compétences qui viennent d'être rappelées. Ce modèle fonctionne et on pourrait également le concevoir chez nous.
Un premier contrat de performance a déjà existé entre RFF et l'Etat et le second est en chantier. Ce qui fera pression sur l'acteur en question, c'est la gouvernance de l'entité qui aura été créée. Dans les autres pays d'Europe, l'exigence de performance de l'entité elle-même est portée par ses conseils d'administration. Nous avons d'ailleurs plutôt suggéré un conseil de surveillance et un directoire afin de veiller à la bonne gestion industrielle, technique, économique, financière et sociale de l'ensemble regroupé.
Tout ceci peut-il réellement aboutir alors que les acteurs ont pris l'habitude de se disputer ? Je peux témoigner que les travaux que l'on mène ensemble sur des sujets précis donnent à ces projets un certain souffle. Ce qui compte, c'est la capacité d'emporter 50 000 personnes vers un projet nouveau motivant pour des équipes nombreuses. C'est là une affaire de management.
Enfin, lors des Assises du ferroviaire, nous avons été à maintes reprises questionnés sur l'avantage économique du regroupement du gestionnaire d'infrastructure ; nous avions tenté d'en donner un ordre de grandeur en évaluant les gains entre 400 et 600 millions d'euros de dépenses annuelles pour le fonctionnement de l'infrastructure à l'horizon 2020. Ces documents sont à votre disposition. Ces gains sont gagés sur des effets de productivité, de simplification, de réduction d'interfaces et de diminution de coût de structures entre nos entités. Ce n'est là qu'une partie du chemin. Certains ont estimé le déficit et l'endettement annuel du système ferroviaire entre 1,2 et 1,3 milliard d'euros. La somme que j'évoque pourrait donc en couvrir un tiers. C'est là un pas significatif qui constitue la contribution que la gestion d'infrastructure pourra apporter à une meilleure équation du système ferroviaire tout entier.