Je veux remercier tout d'abord la Cour des comptes pour la qualité de son enquête, ainsi que la SNCF et RFF. Dans les régions, les contacts sont excellents. Heureusement que l'on compte des techniciens de très bon niveau !
Je voudrais proposer ici des solutions aux problèmes qui se posent à nous. Ce sont les politiques qui sont responsables de l'état calamiteux du réseau. Depuis nombre d'années, nous n'avons pas fait de bons choix et nous sommes aujourd'hui dans une situation catastrophique. Si les régions n'avaient pas pris le relais, ce serait pire qu'en Angleterre !
Comment essayer d'en sortir ? Il faut poser plusieurs postulats. Tout d'abord, le transport ferroviaire est, pour le siècle à venir, une donnée incontournable de l'aménagement du territoire, et même de notre développement économique !
Etant donné le prix du pétrole et sa raréfaction, il serait temps qu'on prenne conscience que le tout routier est fini et que la concurrence libre et non faussée est une bonne chose. Aménager intelligemment ce territoire, dans l'intérêt des populations, le rendre performant, serait encore mieux !
On a oublié une étape dans nos réflexions, celle de l'Europe qui, tôt ou tard, devra prendre en compte une partie des infrastructures dans un grand service d'intérêt général. La liaison des pays européens entre eux, par la grande vitesse ou par le fret ferroviaire, est incontournable, d'autant que l'Etat n'a pas les moyens d'assumer notre réseau ferroviaire. Si on veut trouver des solutions pérennes et durables, il faudra bien que l'Europe prenne en charge nombre de dépenses qui lui incombent.
Les régions ne pourront aller au-delà de ce qu'elles font. En Languedoc-Roussilon, je suis responsable de ce domaine. Il y existe une convention de 500 millions d'euros annuels avec la SNCF pour la circulation des express régionaux. Nous sommes propriétaires de 75 automotrices, que nous entretenons. Nous payons le personnel et allons être obligés, eu égard au trafic préférentiel à un euro que nous avons mis en place, de prévoir un plan d'achat de cinquante automotrices supplémentaire et, dans les années à venir, un second centre d'entretien. 18 % à 19 % du budget de la région passent dans les transports ferroviaires. C'est une volonté politique d'aménager intelligemment le territoire et de rendre service à la population mais il existe un second vecteur à prendre en compte. Il s'agit du fret, qui a été abandonné.
Même si les potentialités de développement ne sont pour le moment pas énormes, le fret ferroviaire sera l'un des leviers incontournable pour le développement de notre territoire dans le courant du siècle à venir. Il faudra bien qu'une grande partie des marchandises monte sur les trains ! Essayez donc de mettre de la souplesse, de l'intelligence et de l'innovation dans vos concepts et vous verrez que l'on pourra être performant !
S'agissant de l'Etat, étant donné que nous ne pourrons pas entretenir tous les kilomètres de voies ferrés, il faudra faire des choix et les régions devront décider de recourir aux bus. Il faudra assumer face aux populations et avoir des express régionaux plus performants, efficaces et réguliers là où c'est nécessaire.
L'Etat devra également prendre certains choix à son compte. L'entretien des voies est une bonne chose mais l'élément majeur réside dans la performance économique. On ne peut plus mettre de l'argent dans des domaines qui ne rapportent rien. Les investissements de complaisance, stades, médiathèques, sont terminés pour les dix ans à venir. Il en va de même pour ce qui est du ferroviaire : partout où l'on va investir, il faut que ce soit en rapport avec l'avenir de nos populations. Sans cela, on passera à côté de beaucoup de choses !