Aujourd’hui, il nous faut remettre la réussite au cœur du système éducatif : formation et affectation des enseignants, contenu pédagogique, rythmes et carte scolaires, notation, décrochage, violences, …
Un principe doit nous guider, celui d’égalité.
Les élèves ne disposent pas tous des mêmes chances pour réussir. Ce triste constat est malheureusement devenu une réalité palpable. Les enquêtes PISA de l’OCDE le prouvent. Dans notre pays, un élève sur cinq âgé de quinze ans connaît de très grandes difficultés scolaires. Comment espérer que nos enfants deviennent des citoyens disposant d’un esprit critique suffisamment développé si on ne leur apprend pas à lire, écrire et compter correctement ?
L’étude de l’OCDE intitulée « Regards sur l’éducation », publiée en septembre dernier, confirme que le taux de scolarisation des jeunes âgés de quinze à dix-neuf ans a reculé entre 1995 et 2010, passant de 89 % à 84 %. Parmi ces jeunes déscolarisés, 71 % sont inactifs, contre 57 % en moyenne dans les autres pays de l’OCDE, ce qui témoigne de leurs difficultés d’insertion professionnelle.
La lutte contre le décrochage scolaire doit absolument constituer une priorité, dans une société en mutation qui requiert de plus en plus de qualifications pour échapper à la précarité.
Ce sont surtout les élèves issus de milieux défavorisés qui font les frais de l’échec scolaire. Selon la même organisation internationale, ces derniers ont deux fois et demi plus de risques d’avoir de moins bons résultats que les élèves des familles aisées.
À ce stade de mon intervention, permettez-moi de rappeler qu’il existe une corrélation entre qualité et équité de l’enseignement, et performance du système éducatif.
Mettre en place des aides inadaptées aux élèves en difficulté ou recruter des enseignants très bien formés sur le plan des contenus, mais trop peu en pédagogie, ne fait qu’enrichir les entreprises d’aide aux devoirs. Ces dysfonctionnements contribuent au succès des établissements privés, à la concurrence exacerbée entre les uns et les autres, et à la mise en place insidieuse d’une école à deux vitesses. La reproduction des inégalités sociales qui en découle est insupportable et constitue une régression inquiétante. L’échec n’est plus seulement scolaire, il est aussi politique.
À l’occasion de ce débat, je voudrais vous demander de nous faire part, monsieur le ministre, du bilan de l’aide personnalisée mise en place depuis 2008 par l’un de vos prédécesseurs, et qui a servi de principale justification à la suppression progressive des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté, les RASED. À la suite de cette mesure, les enfants se sont retrouvés avec des journées plus longues, sans changement de pédagogie et, semble-t-il, sans amélioration de leurs résultats.