L’évolution de la difficulté scolaire aurait dû être traitée à sa source, à savoir la formation initiale et continue des enseignants ainsi que l’adaptation des méthodes d’enseignement aux élèves, et non l’inverse. La reconstitution des RASED pour venir en aide exclusivement aux élèves rencontrant de sérieuses difficultés d’apprentissage serait une bonne nouvelle.
Évoquer la réussite éducative, c’est aussi soulever la question des inégalités territoriales qui se sont accentuées ces dernières années. La suppression des postes dans l’éducation nationale a affecté durement les écoles rurales. Chaque année, des options, des classes et des établissements ont disparu.
Force est de constater que, dans les territoires ruraux, les inégalités territoriales ont accentué les inégalités sociales. Selon une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications, le CEREQ, la part des élèves défavorisés dans les collèges ruraux est de 42 %, contre 34 % en milieux urbain et périurbain. En outre, ces jeunes sont orientés, plus que d’autres, vers la voie professionnelle. Ils sont aussi pénalisés par une offre de formation éloignée géographiquement et souvent moins diversifiée.
Il est impossible de mesurer les dégâts provoqués dans les écoles rurales lors du précédent quinquennat. Supprimer un seul poste dans ces écoles ou modifier les rythmes scolaires revient à bouleverser la vie locale. Par conséquent, monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire de quels moyens disposeront les communes et les départements lorsque nous reviendrons à la semaine de quatre jours et demi ?
Certes, nous approuvons ce retour en arrière et la réflexion globale sur la modification des rythmes scolaires, mais toute nouvelle organisation du temps entraînera inéluctablement des aménagements quant à la garde des enfants. Certains maires sont inquiets à ce sujet. Devront-ils se substituer à l’éducation nationale pour organiser les activités périscolaires ?
Monsieur le ministre, le manque de personnel et de moyens risque de restreindre les possibilités de mise en œuvre de ces activités et de laisser les enfants livrés à eux-mêmes après les cours, renforçant les inégalités territoriales entre communes aisées et communes défavorisées. Pourtant, les activités culturelles, sportives et de loisir contribuent à l’éveil de la curiosité, au développement de l’esprit critique des élèves et à la réussite scolaire. Ce n’est plus à démontrer ! Ne serait-il pas important, pour éviter toute inégalité entre les territoires, que ces activités fassent partie intégrante du programme de l’éducation nationale ? Une réflexion est donc indispensable pour mettre en place des outils, en termes de transports scolaires, de locaux, de personnel, de budget, qui facilitent l’accès de tous à ces activités.
Avant de conclure, je tiens à vous féliciter pour l’effort engagé dans le projet de loi de finances pour 2013 – nous aurons l’occasion d’en reparler ! – en faveur de l’éducation nationale. La création de 43 500 postes de professeur en 2013, avec le remplacement des départs à la retraite, est un signal très positif pour les étudiants qui s’orientent vers le métier d’enseignant. Bien des vocations avaient été découragées ces dernières années par une politique systématique de pénurie.
Après une hécatombe de 80 000 postes supprimés en cinq ans, il est aujourd’hui devenu difficile de recruter… Nul doute que l’effort budgétaire engagé par le gouvernement auquel vous appartenez inversera cette logique, même si des interrogations subsistent, telles que la rémunération de nos enseignants, qui sont parmi les moins bien lotis des pays de l’OCDE.
Pour autant, cet effort remarquable en termes de recrutements ne résoudra pas le problème de la nature et de la qualité de la formation initiale, qui laisse actuellement trop peu de place à la pédagogie et à la pratique. Pour relever ce défi, vous apportez, entre autres propositions, une réponse partielle en ouvrant, à titre transitoire, un deuxième concours aux étudiants de master 1, qui pourront bénéficier d’une formation professionnelle d’un an avec un stage à tiers-temps. La commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat a d’ailleurs constitué un groupe de travail sur le prérecrutement dans l’éducation nationale, lequel ne manquera pas de vous faire des propositions.
En attendant la prochaine loi d’orientation et de programmation, les membres du groupe du RDSE espèrent, monsieur le ministre, que vous nous apporterez des précisions pour tendre de nouveau vers un service public de l’éducation soucieux d’égalité des chances et respectueux des valeurs républicaines.