Intervention de Louis Duvernois

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 3 octobre 2012 : 1ère réunion
Audiovisuel extérieur de la france — Audition de Mme Marie-Christine Saragosse candidate pressentie pour la présidence

Photo de Louis DuvernoisLouis Duvernois :

D'après Libération, vous avez l'intention de faire exactement l'inverse de votre prédécesseur, Alain de Pouzilhac. Vous acquiescez même au souhait du président du CSA, Michel Boyon, de voir modifié ce nom bizarroïde - c'est vous qui le dites - d'AEF, trop attaché à l'image de son ancien président. Soit ! Dans le contexte de la mondialisation, l'audiovisuel extérieur est un enjeu trop sérieux pour chercher à s'affirmer en s'opposant à tout ce qui a été fait par son prédécesseur, qu'elles qu'en aient été les qualités ou les faiblesses. Ce psychodrame vécu à l'échelle politique nationale ne résout pas les difficultés de l'AEF et ne fait pas progresser sur le chemin des solutions à y apporter.

Votre candidature présente cependant un avantage de taille : chacun reconnaît en vous un haut fonctionnaire, spécialiste mondialement reconnu de l'audiovisuel extérieur, ce qui n'a pas toujours été le cas dans les conseils d'administration de RFI et de l'AEF où j'ai siégé plusieurs années en tant que représentant du Sénat.

Comment entendez-vous remettre sur pied ce formidable outil d'influence dont les dérives gestionnaires plombent depuis longtemps le développement ? Il est facile de décrier la gestion précédente, mais souvenons-nous que, faute de réformes structurelles, RFI était déjà en déficit à l'arrivée du président Alain de Pouzilhac, de 16 millions d'euros sur un budget total de 125 millions, déficit comblé comme d'usage par les contribuables.

La nécessité de réformer une société où le manque de dialogue et de concertation crispe toute velléité de progression fait consensus, du moins publiquement.

Pour faire avancer cet inextricable dossier, il faudra faire bouger les lignes de gouvernance de l'AEF. Dans le contexte de contrainte budgétaire actuel, l'heure est plus au rassemblement qu'à la division, à la mutualisation des services et des actions, à l'image de ce qui se pratique par exemple en Angleterre avec la BBC, qui a su fusionner des services en préservant leur identité opérationnelle : les deux ne sont pas incompatibles.

Vos choix seront déterminants pour l'avenir de l'audiovisuel extérieur et aussi pour l'avenir de TV5 Monde que vous avez brillamment dirigée jusqu'alors. Votre arrivée à la présidence d'AEF ne doit pas être l'occasion d'autres secousses sismiques dans la nomination à venir d'un nouveau directeur de TV5 Monde, qui doit être français.

Comme disait Jean Lesieur, ancien directeur de France 24, auditionné par l'Assemblée des Français de l'étranger en septembre dernier, « Il est temps de réenchanter le rêve France 24. Le rapprochement avec RFI en est l'occasion. »

Soyons positifs mais réalistes : la tâche qui vous attend est exaltante. L'AEF cumule une audience hebdomadaire de plus de 90 millions de téléspectateurs et d'auditeurs, ce qui en fait le premier média français à l'international. Nous vous accompagnerons sans concession mais toujours avec bienveillance pour atteindre cet objectif d'intérêt national.

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