Intervention de Martial Bourquin

Commission des affaires économiques — Réunion du 3 octobre 2012 : 1ère réunion
Situation de psa peugeot citroën — Audition de Mm. Emmanuel Sartorius et jacques serris auteurs du rapport du conseil général de l'économie de l'industrie de l'énergie et des technologies

Photo de Martial BourquinMartial Bourquin, président du groupe d'études industrie :

Je voudrais en préambule rappeler un fait qui n'a pas encore été évoqué : PSA est sorti du CAC 40. C'est un signe, parmi d'autres, de la gravité de la situation.

Concernant plus directement les conclusions de votre rapport, je voudrais faire les remarques suivantes.

On savait depuis quatre ans que le site d'Aulnay était menacé. On aurait donc pu préparer la transition, travailler sereinement à la reconversion des emplois et du site de production avec des équipementiers. Au lieu de quoi, une nouvelle fois, on réagit dans l'urgence. Ce manque d'anticipation est l'un des problèmes récurrent de l'industrie dans notre pays et nous devons impérativement apprendre à mieux prévoir et à mieux préparer les mutations économiques au lieu de les subir. On ne raisonne que par fermetures et destruction d'emplois au lieu de raisonner en anticipation et diversification.

Certains observateurs ont établi un lien de causalité entre les difficultés de PSA et le fait que le groupe réalise une proportion importante de sa production en France, de l'ordre de 40%. Attention à ce type de raisonnement, que j'ai pu voir notamment dans la presse économique. L'avenir n'est pas à la délocalisation et je ne pense pas qu'il faille s'inspirer du modèle de Renault qui ne réalise plus que 20 % de sa production en France. Je suis convaincu qu'il existe des moyens de produire en France en restant compétitif et c'est dans ce sens qu'il faut réfléchir et travailler.

Je tiens aussi à dire mon inquiétude en ce qui concerne les suppressions de postes dans le secteur de la recherche-développement. La capacité d'innovation doit être maintenue car le groupe ne pourra pas rétablir sa compétitivité sans elle. J'ai eu l'occasion de visiter le salon de l'Automobile et de constater que PSA dispose d'une gamme remarquable, ce qui est de bon augure pour l'avenir : la DS3, la DS5, la nouvelle 208 sont de bons produits et il faut tout faire pour que le moyen et le haut de gamme continue à être produit en France, notamment sur les sites de Rennes et de Sochaux. Je suis inquiet cependant quand je vois que General Motor a fait un communiqué appelant à la production de la DS5 sur un site Opel.

Ma remarque suivante concerne l'insuffisance du dialogue social au sein de PSA et l'insuffisance du dialogue avec les élus locaux. Les choses se font et se décident avec un manque effarant de transparence et ces défauts sont à relier à ce que je soulignais précédemment concernant le manque de capacité d'anticipation. La vie et l'avenir d'une entreprise n'est pas seulement l'affaire des actionnaires et des dirigeants : toutes les parties engagées dans sa réussite doivent y être davantage associées.

Enfin, concernant l'accord avec General Motors, ce doit être pour PSA une porte ouverte sur les autres continents, notamment sur l'Amérique du nord. Cela ne doit pas devenir la porte ouverte à la délocalisation de la production.

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