En ce qui concerne les nanosciences, je fus l'un des rapporteurs sur un avis émis par le CCNE. Que d'avis sur cette question, du reste ! Les nanotechnologies influent sur le réel. En imaginer les conséquences est très difficile faute de connaissances scientifiques suffisantes. Or le choix libre et informé dépend de l'étendue de nos connaissances. Plutôt que de porter un jugement définitif, il faut accepter notre ignorance et poursuivre nos recherches. Une de nos recommandations était ainsi d'augmenter les financements, français et européens, de la recherche fondamentale en nanosciences.
Les inquiétudes autour de la biologie de synthèse se nouent principalement autour du rêve de certains, qui est l'inquiétude des autres, face aux capacités de nano-assemblages et de réplication du vivant. Le CCNE ne s'est pas encore prononcé.
Plus généralement, tout ce qui concerne le vivant appartient au domaine de la bioéthique. On pense trop souvent cellules, greffes, organes, en oubliant l'environnement, l'économie, l'écologie ou la physique. La composition du CCNE, certes déjà transdisciplinaire, doit refléter ces préoccupations.
Sa composition est restée inchangée depuis 1983, selon des spécificités prévues par François Mitterrand. Cinq membres sont nommés par le Président de la République, sur proposition des grandes familles spirituelles - laïque, catholique, protestante, judaïque et islamique ; quinze membres sont nommés en raison de leurs compétences en biologie ou en médecine ; dix-neuf sont issus d'autres disciplines, droit, anthropologie, sociologie, etc. On le voit, les experts en biologie ou en médecine sont minoritaires et c'est heureux : la réflexion est transdisciplinaire. Et lorsque la position finale est différente des opinions initiales de chacun, nous savons que nous avons grandement progressé.