Intervention de Bernard Cazeneuve

Réunion du 10 octobre 2012 à 14h30
Nouvelles perspectives européennes — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Bernard Cazeneuve, ministre délégué :

J’espérais que sa crainte de l’austérité et sa passion pour la question européenne l’auraient conduit à demeurer parmi nous.

Je le reconnais volontiers, toutes les sensibilités de la gauche représentées dans cet hémicycle partagent une préoccupation commune : que les politiques nouvelles en Europe permettent de préserver les peuples de l’austérité, cette austérité qui conduit légitimement des manifestants, à Lisbonne, à Athènes ou à Madrid, à exprimer leur indignation.

Mais, à un moment donné, il faut de la cohérence.

Or, si nous n’avions pas soumis ce traité à votre examen alors que nous avons, notamment, engagé la remise en ordre de la finance avec l’union bancaire, obtenu le pacte de croissance et la création de la taxe sur les transactions financières – pour cette dernière, sous la forme d’une coopération renforcée, laquelle permet à neuf États de se mobiliser –, bref, si nous avions reçu ces avancées pour solde de tout compte et joué la crise au sein de l’Union européenne, que se serait-il passé ? Telle est la question de fond ; telle est la question fondamentale !

Pour notre part, nous avons pensé que se convaincre que nous ne pouvions aller plus loin et jouer la crise après avoir engagé cette réorientation aurait débouché sur le blocage d’une grande partie du fonctionnement de l’Europe. Une telle attitude aurait ajouté une couche de crise politique à la couche de crise économique, financière et sociale profonde à laquelle l’Europe est confrontée et aurait conduit à ne pouvoir ni mobiliser le Mécanisme européen de stabilité pour permettre la recapitalisation directe des banques espagnoles ni faire intervenir le Fonds européen de stabilité financière sur le marché secondaire des dettes souveraines afin de faire baisser les taux.

Or l’impossibilité de mobiliser ces outils aurait conduit l’État espagnol à continuer de se financer sur les marchés financiers pour recapitaliser ses banques en devant affronter des taux d’intérêt extrêmement élevés, lesquels auraient ruiné le résultat des efforts considérables qu’il a fournis pour rétablir ses comptes, l’obligeant à en répercuter le coût sur le peuple, ...

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