Intervention de George Pau-Langevin

Réunion du 18 octobre 2012 à 9h30
Questions orales — Tsunamis sur les côtes françaises

George Pau-Langevin, ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale, chargée de la réussite éducative :

Monsieur le sénateur, je vous prie d’excuser l’absence de Manuel Valls, qui m’a chargé de vous répondre en son nom.

Après le tsunami qui a frappé l’Asie du Sud-Est le 26 décembre 2004, la commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO a été chargée de mettre en place un système d’alerte aux tsunamis dans chacun des bassins concernés : Pacifique, océan Indien, Atlantique Nord-Est et Méditerranée, Caraïbes.

À la suite de votre rapport du 7 décembre 2007, et dans le cadre du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, la France s’est engagée auprès de l’UNESCO à développer un centre national d’alerte aux tsunamis pour l’Atlantique Nord-Est et la Méditerranée occidentale. Sur l’initiative du ministère de l’intérieur et du ministère de l’écologie, le CEA, en liaison avec le service hydrographique et océanographique de la marine, le SHOM, et le centre national de recherche scientifique, le CNRS, s’est vu confier la mission de construire puis d’exploiter ce centre national d’alerte aux tsunamis, le CENALT. Une convention-cadre a avalisé ce dispositif.

Le CENALT, implanté sur le site du CEA de Bruyères-le-Châtel, est opérationnel depuis le 1er juillet 2012. Il permet d’alerter les autorités de sécurité civile françaises dans les quinze minutes en cas d’événement sismique pouvant avoir comme conséquence potentielle un tsunami, en indiquant les paramètres de l’événement : heure d’arrivée de la vague à la côte, hauteur de la vague, etc. Il est composé de douze personnes : un chef de centre opérationnel, un responsable informatique, sept opérateurs-analystes travaillant 24 heures sur 24, un responsable sismologie, un responsable scientifique tsunami et un responsable technique. Le CENALT a une liaison dédiée et sécurisée avec le COGIC, qui est testée tous les mois. Le CENALT et le COGIC participeront à un exercice le mercredi 28 novembre prochain.

Le système d’alerte montante, sur lequel vous m’avez demandé des précisions, s’appuie sur deux réseaux : le réseau sismologique et le réseau marégraphique.

Le réseau sismologique comprend en France 70 stations dites « temps réel » appartenant au CEA et au CNRS, auxquelles s’ajoutent celles du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, de la Tunisie et de l’Allemagne ; le réseau complet relie une centaine de stations.

S’agissant du réseau marégraphique, le SHOM a modernisé le long des côtes françaises 26 stations en leur ajoutant une transmission « temps réel », et a installé 5 nouvelles stations : trois en Corse et deux entre Toulon et Nice. Les données des 31 stations sont transmises au CENALT en continu, chaque seconde. Des conventions sont en cours avec l’Italie et l’Espagne.

Vous m’avez également interrogé sur le système d’alerte descendante. Le ministère de l’intérieur a engagé une réflexion pour mettre en place un système adéquat d’alerte des populations et pour définir les comportements de mise à l’abri et d’évacuation. Il faut d’abord pouvoir cibler les populations concernées par une alerte, ce qui implique d’avoir des données géographiques précises. C’est pourquoi ce projet s’appuie sur les données de l’Institut géographique national, du SHOM ainsi que sur l’expertise scientifique du Bureau de recherches géologiques et minières et du CEA.

Toutes ces données vont nous permettre de définir les sources potentielles de tsunami, d’établir une typologie côtière, d’effectuer les relevés bathymétriques et altimétriques nécessaires et de déterminer les systèmes d’alerte à mettre en place auprès de la population.

Des modélisations ont d’ores et déjà été réalisées pour les trois sites pilotes retenus, à savoir la côte de Port Saint-Ange à Leucate-Plage, la côte de Bandol à Six-Fours-les-Plages et la côte de Juan-les-Pins à Villeneuve-Loubet-Plage. Avant la fin de l’année, les plans d’évacuation et le plan Organisation de la réponse de sécurité civile, ou plan ORSEC, auront été réalisés.

Au cours des prochaines années, il faudra décliner les résultats de cette expérimentation à l’ensemble du littoral méditerranéen, en mettant en place les moyens d’alerte identifiés et les plans de secours adéquats. Pour l’année 2012, nous avons engagé 1, 9 million d’euros à cet effet. En parallèle, le déploiement du système d’alerte et d’information des populations, auquel nous consacrerons 33, 8 millions d’euros sur la période 2012-2015, nous permettra d’intégrer la composante liée au risque de tsunami dans la diffusion de l’alerte vers la population. Enfin, des actions d’information de la population seront conduites au niveau des territoires ainsi identifiés.

Monsieur le sénateur, vous avez eu raison de souligner l’importance des enjeux. Les tsunamis survenus ces dernières années ont profondément marqué les populations. Le devoir du Gouvernement, et notre devoir à tous, est de mobiliser tous les moyens scientifiques et techniques dont nous disposons pour informer et préparer nos concitoyens à cet aléa.

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