Intervention de Philippe Kaltenbach

Réunion du 18 octobre 2012 à 9h30
Questions orales — Maintien d'une médecine hospitalière publique d'excellence en banlieue parisienne

Photo de Philippe KaltenbachPhilippe Kaltenbach :

Monsieur le président, monsieur le ministre délégué, mes chers collègues, durant des décennies, une importante volonté politique a été nécessaire pour développer, au-delà des portes de Paris, une médecine hospitalière de pointe.

Le bilan que nous pouvons en tirer aujourd’hui est très largement positif.

Les établissements hospitaliers de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, l’AP-HP, implantés dans la banlieue parisienne sont à l’origine des progrès médicaux parmi les plus retentissants.

Par exemple, le 28 octobre 2009, à l’hôpital Avicenne de Bobigny, la première greffe d’une bronche artificielle a été réalisée. Le 27 juin 2010, à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, a eu lieu la première greffe totale du visage. Le 26 janvier 2011, à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, nous avons assisté à la naissance du premier bébé « du double espoir ». Enfin, l’an passé, le CHU du Kremlin-Bicêtre a réalisé sa millième greffe de foie chez l’enfant.

Nous avons la responsabilité non seulement de préserver, mais aussi de développer le très haut niveau de la médecine hospitalière dont nous disposons actuellement en banlieue, et ce dans l’intérêt des populations qui y vivent.

La disparition de cette médecine d’excellence aurait pour conséquence de réduire l’attractivité des établissements concernés et entraînerait ainsi, par ricochet, une dégradation de l’offre de soins de proximité.

En outre, elle affaiblirait, par un effet de dominos, l’avenir des formations universitaires et de recherche implantées sur nos territoires de banlieue.

En tant que maire de Clamart, j’ai pris l’initiative, avec dix autres maires de communes de la banlieue parisienne accueillant des établissements de l’AP-HP, d’un appel commun refusant la disparition progressive de cette médecine hospitalière.

Nous nourrissons les plus vives inquiétudes devant les restructurations entreprises par le précédent gouvernement et l’AP-HP, qui conduisent malheureusement à la fermeture de nombreux services et à menacer l’excellence des hôpitaux de banlieue parisienne.

Voici quelques exemples pour illustrer mon propos : dans les Hauts-de-Seine, à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, le service de pneumologie, centre de référence national, a été fermé ; à l’hôpital Beaujon de Clichy, le service de neurochirurgie a connu le même sort ; dans le Val-de-Marne, à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, le service de neurochirurgie est fortement menacé et une grande incertitude plane sur celui de chirurgie cardiaque ; dans la Seine-Saint-Denis, à l’hôpital Jean-Verdier de Bondy, les services d’addictologie, de chirurgie et de gastro-entérologie ont fermé. Dans ce dernier cas, avec les menaces qui pèsent désormais sur la maternité de l’hôpital, c’est la question même du maintien du site qui semble aujourd’hui se poser.

Un tel désengagement est en contradiction parfaite avec tous les efforts entrepris pour penser le futur, non plus en dissociant Paris de sa banlieue, mais en s’inscrivant dans une vision d’ensemble du Grand Paris.

Nous le savons, l’avenir de la métropole parisienne repose fortement sur le développement de sa banlieue. La médecine universitaire et la recherche médicale y ont donc naturellement leur place. Ne laissons pas se créer une médecine hospitalière à deux vitesses entre Paris et le reste de l’Île-de-France.

Je souhaite savoir si l’actuel gouvernement, en rupture avec le précédent, désire redonner à la mission de centre hospitalier universitaire de l’AP-HP, actuellement de plus en plus orientée sur Paris et les hôpitaux les plus importants, une envergure véritablement régionale, afin de préserver l’excellence du projet médical de ses établissements en banlieue parisienne.

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