Monsieur le ministre, après des années de suppressions de postes, les équipes d’entretien des voies ferrées sont aujourd’hui à ce point réduites qu’elles ne peuvent accomplir leur travail de maintenance dans de bonnes conditions.
Par exemple, sur le secteur de Montluçon, il ne reste plus que dix-neuf agents, qui doivent entretenir 120 kilomètres de voies dont 30 en double voie.
Aussi, lorsqu’il s’agit d’entreprendre des travaux de maintenance d’envergure, il est fait appel à des sous-traitants. La mise en concurrence d’entreprises privées s’accompagne d’un nivellement par le bas des conditions sociales faites aux travailleurs du rail, ainsi que de leur sécurité. L’accident mortel survenu à Aurillac le mois dernier est là pour nous le rappeler.
Ce constat accablant n’inverse pourtant pas la tendance à la baisse des effectifs. Un projet de « restructuration » des équipes d’entretien des voies est actuellement en cours sur la région Montluçonnaise. Il est prévu de réduire les effectifs à douze agents et une seule équipe ! C’est catastrophique pour les conditions de travail de ces agents, l’entretien de notre patrimoine ferroviaire, mais aussi l’accès des citoyens à un service public de transports.
Cette dégradation s’accompagne en effet de dysfonctionnements de plus en plus importants pour les voyageurs : retards, suppressions, report sur la route des trains.
Ainsi, la ligne Vierzon-Bourges-Montluçon connaît depuis plusieurs mois de nombreuses perturbations de trafic, le transport ferroviaire étant remplacé, dans des conditions médiocres, par un service d’autocar.
De mars à novembre 2013, c’est également un autocar qui va relier, en deux heures trente, la première ville d’Auvergne, Clermont-Ferrand, à la deuxième ville d’Auvergne, Montluçon. Deux heures trente pour faire 100 kilomètres, monsieur le ministre ! Par l’autoroute, on met moins d’une heure…
J’ai bien compris que ces coupures de circulation permettaient à RFF de réaliser des économies, mais leur durée excessive, alors que les travaux réalisés ne sont que des remises à niveau d’installations vétustes, en dit long sur l’insuffisance des moyens humains et matériels d’un service que l’on voudrait public.
Enfin, dernier exemple mais non des moindres, il est prévu d’arrêter purement et simplement le trafic sur la ligne intercité Lyon-Bordeaux, desserte ferroviaire d’équilibre du territoire, pour des travaux de maintenance des voies. À compter du 9 décembre 2012, il n’y aura donc plus aucun train direct entre la deuxième et la sixième aire urbaine de France !
De surcroît, pour faire mentir la publicité proclamant que RFF construit le réseau de demain tout en faisant fonctionner celui d’aujourd’hui, aucune desserte de substitution n’est envisagée dans ce cas.
J’observe, alors qu’en cette fin d’année 2012 on inaugure les derniers tronçons de l’autoroute A 89, que les voyageurs, souhaitant traverser le massif Central d’est en ouest, seront encouragés à emprunter celle-ci plutôt que le rail ! Ces problèmes récurrents d’entretien et ces dysfonctionnements à répétition n’incitent pas les voyageurs de nos régions à préférer le train, vous en conviendrez, monsieur le ministre.
Vous souhaitez que l’organisation des chantiers soit revue pour gagner en efficacité et pour limiter la gêne pour les usagers. Quelles solutions acceptables et plus respectueuses des voyageurs pouvez-vous donc proposer pour la ligne Lyon-Bordeaux et êtes-vous prêt à mobiliser les moyens nécessaires pour que la durée des travaux soit réduite au minimum ?
En outre, monsieur le ministre, comptez-vous revoir à la hausse les effectifs d’agents d’entretien du service public, en particulier dans les départements ruraux, où les réductions drastiques des dernières années n’ont aucunement tenu compte de l’étendue du rayon d’action des équipes.