Comme vous, nous sentons bien qu'un mouvement de relance est en cours et que vous travaillez à fédérer les énergies pour déconstruire les stéréotypes sexués. Sur ce sujet, si on a l'habitude d'entendre que « l'école ne peut pas tout », je pense au contraire que l'école peut beaucoup et qu'elle est d'autant plus efficace qu'elle s'attaque au problème très tôt, dès la maternelle.
Les stéréotypes agissent très vite, vous l'avez démontré, et en profondeur. Leur action conduit les filles à reproduire, d'elles-mêmes, les schémas sociaux dans lesquels elles ont été éduquées et à s'autocensurer, soit par manque de confiance en elles-mêmes, soit pour répondre à une supposée injonction scolaire qui ne leur permet pas de se projeter autrement dans l'avenir.
Il est donc essentiel que la réforme actuelle dans laquelle l'école est engagée s'attache à faire avancer le sujet. Je considère que rien ne se fera sans les enseignants qui doivent se sentir dépositaires de l'animation de cette question.
A ce titre, même si je ne dénie pas l'efficacité de certaines actions ponctuelles, je pense que le renforcement de la formation initiale du corps professoral est essentiel. Nous devons former les militants de la cause de l'égalité entre les femmes et les hommes, tant parmi les professeurs qu'au sein de la médecine scolaire qui porte aussi une large part de responsabilité.
La prise de conscience actuelle de l'imprégnation des stéréotypes sexués dans la société nous amène donc à reconsidérer l'école, à lui redonner une place fondamentale dans l'éducation de nos enfants.