Nous nous réjouissons également de la bonne santé du service public français de l'audiovisuel. L'exemple de France Inter et de France Culture montre que les stratégies fondées sur une certaine exigence peuvent se révéler payantes en termes d'audience, à tout le moins en France.
Nous n'avons pas d'inquiétudes quant à notre situation financière pour 2013 : les résultats époustouflants d'hier soir nous confortent dans l'idée que la stratégie que nous avons engagée continuera à porter ses fruits. Les effets des restrictions budgétaires et de l'inflation des prix des programmes ne seront source d'inquiétude qu'à partir de 2014-2015.
Nous avons refusé d'inclure dans le contrat d'objectifs et de moyens un objectif explicite de rajeunissement de nos audiences, car le ciblage exclusif des jeunes fait généralement fuir les plus âgés. Nous comptons davantage sur le développement numérique de la chaîne pour gagner la confiance du jeune public. Le succès rencontré par les documentaires sur Goldman Sachs nous donne jusqu'à présent raison : les jeunes sont allés voir l'émission sur Internet.
Le service public allemand est assez différent du nôtre. Selon le ministre allemand, Arte serait même la seule chaîne publique allemande... Les chaînes publiques ARD (Arbeitsgemeinschaft der öffentlich-rechtlichen Rundfunkanstalten der Bundesrepublik Deutschland) et ZDF (Zweites Deutsches Fernsehen) y sont en effet plus grand public, et plus proches des chaînes privées : ce sont elles qui ont inventé la scripted reality qui inspire désormais la fiction française.
Depuis un peu moins d'un an, nous cherchons à développer les passerelles entre Arte et l'ensemble des chaînes publiques françaises. J'ai écrit à M. Pflimlin à ce sujet. Nous avons créé un groupe de travail dédié. Nous devons toutefois, sous peine de diluer l'originalité et de saper la raison d'être d'Arte, cultiver une certaine distance à l'égard des grands groupes. Certains domaines, comme la fiction, se heurtent en outre aux différences de ligne éditoriale qui peuvent nous séparer : si nous sommes là, c'est pour proposer autre chose que France Télévisions. Le mariage de la carpe et de l'alouette donne rarement de beaux enfants ! Nous avons en revanche tissé des liens étroits avec TV5, qui diffuse avec un décalage de 30 minutes le journal de la chaîne. Celui-ci - qui n'a rien à voir avec ceux des autres chaînes puisqu'il est dépourvu de faits divers et traite en profondeur de l'actualité internationale - connaît une croissance de son audience de 30 à 40 % depuis un an. Nous travaillons à rendre sa diffusion sur TV5 plus large. En matière de documentaires, nous avons de nombreux projets en cours de développement avec France Télévisions. Vous le voyez : nous réfléchissons à la conception d'un noyau dur de programmes qu'Arte pourrait faire rayonner sur les autres chaînes, en complément des deux autres outils de rayonnement que sont Internet et la vente de nos programmes à l'étranger. Sur ce dernier point, je souligne qu'Arte est sans doute le dernier producteur de documentaires d'auteur à travers le monde. Enfin, notre relation avec Radio France fonctionne à merveille. La proximité qu'elle entretient avec la radio publique allemande ouvre de surcroît des perspectives de travail tout à fait intéressantes.