J'irai bien entendu dans le même sens que ce qui vient d'être dit. Je crois que nous sommes toutes d'accord sur le constat, mais je souhaiterais apporter quelques précisions, notamment pour soulever un paradoxe. A l'heure actuelle, dans les écoles de formation de comédiens, nous sommes contraints de pratiquer une politique de discrimination à l'envers, puisque les candidates sont plus nombreuses que les candidats.
Ceci aboutit à pratiquer une double sélection en défaveur des filles : d'abord au moment de la sélection dans les grandes écoles puis, comme cela vient d'être dit, au moment de l'attribution des postes et des nominations.
S'agissant des actions qui pourraient donner une impulsion concrète, il me semble qu'une mesure symbolique forte pourrait être prise très rapidement, à l'occasion du renouvellement l'année prochaine de neuf directions de centres dramatiques nationaux. Si, sur ces neuf nominations, cinq au moins pouvaient être des femmes, cela irait dans le sens de la demande du SYNDEAC d'une parité stricte à l'horizon 2018.
Mon expérience de metteur en scène me permet d'appuyer ce qui vient d'être dit concernant les femmes artistes. Tout se passe comme s'il fallait se vendre deux fois, une fois comme artiste et une fois comme femme. Être une artiste femme, c'est un combat, souvent long et épuisant, et pas toujours couronné de succès. Or, cette situation résulte de la résistance profonde des stéréotypes sexués qui assignent l'artiste interprète à son rôle de « danseuse », avec toutes les caractéristiques - frivolité, légèreté... - qui l'accompagnent. Dès lors, dans nos milieux, une femme qui pense, c'est une femme qui dérange.
Au sein de notre propre syndicat, nous avons décidé de donner l'exemple à travers un changement de statuts qui obligera tous les binômes qui composent le bureau national du syndicat à être paritaires (1 homme - 1 femme) à compter des prochaines élections de septembre 2013. Ceci constitue une véritable révolution par rapport à la situation actuelle dans la mesure où je suis, au sein des 24 membres (12 titulaires - 12 suppléants) du bureau national, la seule représentante féminine.
De la même façon, nous estimons que toutes les commissions d'experts et tous les jurys de sélection devraient être paritaires.
A cet égard, la question des nominations, parce qu'elle est symbolique, est primordiale.
Aujourd'hui, nous nous entendons trop souvent opposer l'excuse de la compétence et du talent, pour justifier l'absence de femmes. A cet égard, l'« alibi » féminin des « short-lists » de candidats aux postes de direction - qui sont l'aboutissement d'un processus long de sélection - ne trompe personne. Nous demandons aujourd'hui que les « short-lists » soient paritaires, ce qu'elles devraient être si elles reflétaient réellement la qualité des projets présentés.