Le constat que la situation des femmes dans la sphère culturelle n'évolue pas et même régresse a été confirmé par plusieurs études : je citerai notamment celle qu'a réalisée et financée elle-même la chef d'orchestre Laurence Equilbey.
Il est navrant que les données illustrant la place des femmes au sein des structures culturelles ne soient pas actualisées par l'État alors que c'est une nécessité pour construire une argumentation destinée à faire avancer la cause des femmes. En effet, force est de constater que les hommes sont encore majoritairement nommés aux postes de direction dans le secteur culturel.
Au coeur de la question, il y a la conception que l'on se fait de la femme artiste et de sa place : cela supposerait de démonter un certain nombre de clichés répandus dans notre société tant sur la femme que sur l'art.
La France subventionne et valorise le geste artistique en encourageant l'excellence artistique dans les écoles et les lieux publics. Mais, paradoxalement, les femmes en demeurent exclues. Faut-il en déduire que l'Art a un sexe et ne se conjugue qu'au masculin ? Ou, seconde branche de l'alternative, que l'Art n'a pas de sexe ce qui est, à nos yeux, une ineptie ?
Nous baignons dans un monde de clichés et de représentations fondées sur une perception masculine du monde que l'on persiste à nous décrire comme neutre. Or, d'autres représentations du monde doivent pouvoir émerger.
Le coeur de la question ce n'est donc pas tant la parité dans les nominations sur les postes de techniciens ou dans les postes administratifs que la place accordée aux artistes femmes : c'est elle en effet qui a un sens si l'on accepte de reconnaître que l'art a un sexe. Mais c'est précisément sur ce point que l'on se heurte au principe de liberté de programmation des structures.
Il convient aussi d'aller à l'encontre des idées reçues issues de la valorisation dans l'enseignement culturel du geste artistique romantique désintéressé et d'indiquer que l'expression artistique a un coût, parfois même très élevé en matière de spectacle vivant, qu'il relève du cinéma ou du théâtre. Le rôle de l'argent dans le monde de l'art ne peut pas être éludé.
Une oeuvre artistique émergera ou non, suivant qu'elle peut s'adosser à un budget suffisant. Ainsi, aux grandes scènes aux moyens techniques, humains et financiers importants s'opposent des scènes qui, étant réduites à « bricoler », ne peuvent monter des spectacles à la hauteur des aspirations de leur créateur.