J'ai bien entendu que la taille de votre établissement vous contraint à faire des choix. De manière anecdotique, j'ai une question concernant l'informatique dans sa fonction stratégique. Je me demande si pour vous, l'INRIA, il n'y aurait pas un travail à faire en matière d'expertise collective sur des grandes questions, par rapport notamment à la porosité de nos équipes scientifiques, au dumping scientifique, à la fuite des cerveaux, des doctorants, des idées. Il faudrait savoir où en est l'état de l'art en France et non en général, car les grandes majors informatiques en particulier ne sont pas européennes mais américaines, et bientôt chinoises. Dans le domaine des télécoms, il y a trois « majors » américaines, et vingt ou quarante très belles entreprises en Europe. Concernant cette notion d'expertise collective, quand je vois que nos ministères achètent des logiciels étrangers, en particulier allemands, pour informatiser les services des ministères et fabriquer finalement des usines à gaz, je me demande où est l'intelligence française, que ce soit au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, de la Justice ou de l'Intérieur. Ce sont des fléaux de gestion interne de nos propres administrations, notamment pour les utilisateurs, qui aboutissent systématiquement à des concentrations de pouvoir. Donc je demande à l'INRIA, dans son intelligence non pas de scientifiques, mais de savants et donc de « sachant », d'aider un peu l'institution France à ne pas se tromper de logiciels, à fabriquer des machines un peu souples et peut-être à acheter au moins « européen », et si possible « français ».