Intervention de Jean-François Copé

Réunion du 29 novembre 2004 à 15h00
Loi de finances pour 2005 — Articles additionnels avant l'article 17

Jean-François Copé, ministre délégué :

L'avis du Gouvernement est très proche de celui du rapporteur général.

Monsieur le sénateur, je suis au regret de vous dire que je suis également tout à fait défavorable à cette disposition, qui est en contradiction totale avec notre philosophie, philosophie dont je m'empresse de dire qu'elle n'est pas contre la justice sociale : qui peut être contre la justice sociale ?

J'ajouterai à ce qu'a dit M. le rapporteur général, que lorsque l'on baisse d'un point la totalité de la TVA, comme l'a fait M. Jospin en 2000, l'effet sur la consommation et sur le pouvoir d'achat est nul, ainsi que toutes les études l'ont montré. Il n'y a pas la vérité d'un coté, l'erreur de l'autre, mais simplement l'expérience vécue, dont chacun doit savoir tirer les leçons.

Ainsi, mon premier argument contre la mesure que vous proposez est qu'elle est extrêmement coûteuse et qu'elle ne possède pas, en outre, d'efficacité économique.

Mon second argument concerne votre volonté de faire peser cette mesure sur les sociétés. Au-delà des imprécations habituelles de votre formation politique, je ne vois vraiment pas l'intérêt que vous voyez à « sur-pressuriser » les entreprises et à augmenter l'impôt sur les sociétés, alors que chacun sait que le défi que nous devons relever est d'accroître l'emploi dans les entreprises. Dans cette période de reprise de la croissance économique, il serait vraiment dommage de ne pas utiliser cet atout.

Enfin, j'en viens à mon troisième et dernier argument. Il faut certes travailler intelligemment sur le pouvoir d'achat et faire en sorte qu'il soit rehaussé dans la mesure du possible. Un certain nombre de mesures vont d'ailleurs dans ce sens.

Lorsque nous augmentons le SMIC comme nous l'avons fait, dans des proportions inédites, il est certain que cette mesure favorise le pouvoir d'achat.

Il en va de même lorsque nous relevons la prime pour l'emploi.

Essayer de travailler à des formules ciblées, comme celles que nous avons imaginées dans le domaine de la restauration, par des allégements de charges sociales, là encore cela favorise l'emploi et le pouvoir d'achat.

Bref, on peut examiner toute une série de mesures concernant la TVA. Avec nos partenaires européens, nous avons accompli un réel travail sur ce sujet. Certes, nous n'avons pas gain de cause chaque fois, mais nous essayons d'être convaincants. C'est le cas pour la restauration comme pour le disque. Nous essayons, de manière très ciblée, de faire baisser le taux de la TVA.

Comprenez-le bien, il est préférable d'avoir une politique fiscale ciblée, avec des objectifs précis, en l'occurrence l'emploi et le pouvoir d'achat.

Or, de ce double point de vue, je ne vois pas en quoi votre amendement améliorerait la situation actuelle. C'est la raison pour laquelle je vous demande de bien vouloir le retirer, monsieur Foucaud ; à défaut, le Gouvernement émettra un avis défavorable.

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