Intervention de Laurence Millet

Commission des affaires sociales — Réunion du 18 décembre 2012 : 1ère réunion
Plan de restructuration des activités de sanofi — Audition des coordonnateurs syndicaux

Laurence Millet, représentante de Sud :

Sanofi est quasiment la seule entreprise du Cac 40 qui, depuis plus de vingt ans, augmente de manière continue le versement des dividendes aux actionnaires. La direction s'est engagée à ce que le taux de reversement atteigne 50 % des bénéfices. Même si le plan d'économies que nous subissons actuellement, qui porte sur 2 milliards d'euros, n'est pas réalisé, ainsi que l'ont démontré plusieurs experts, l'augmentation du dividende se poursuivrait. C'est inacceptable.

Les partenariats avec la recherche académique ont toujours existé. Le risque actuel tient au fait que la politique de la direction de Sanofi va tarir la source qui alimente la recherche appliquée industrielle, à savoir la recherche fondamentale. A moyen terme, la recherche va s'épuiser, mais à court terme les risques qui y sont liés pour l'entreprise vont diminuer.

Les petites structures qui se lancent dans la recherche en matière de biotechnologies mènent peu de projets en parallèle. Elles vont donc vendre aux grandes entreprises pharmaceutiques, qui cherchent toutes la molécule « miracle », les résultats de leurs travaux. Toutefois, il est très difficile pour elles de se renouveler : la frénésie d'achats des grandes firmes va ici aussi tarir la source.

La chimie et les biotechnologies doivent faire partie de la stratégie de Sanofi ; il ne faut pas négliger l'un au profit de l'autre. Grâce aux années d'expérience que nous avons sur la chimie, les risques sont connus et une véritable expertise a été acquise. Au contraire, très peu de recul est disponible pour les nouvelles technologies liées à la production d'anticorps : qui peut dire ce qu'il en sera dans dix ans ? N'est-il pas dangereux d'investir uniquement dans ce domaine ? Il faut travailler sur ces deux secteurs en parallèle. Ces deux types de molécules n'agissent pas de la même façon, et certaines choses ne pourront jamais être faites avec des anticorps. La chimie est donc nécessaire et il ne faut pas l'opposer aux biotechnologies. Le retard supposé de Sanofi dans ce domaine est la conséquence directe des choix stratégiques des directions qui se sont succédé ces dernières années. Il faut aujourd'hui assumer les décisions prises, comme la fermeture du site de Labège, près de Toulouse, qui était spécialisé dans les biothérapeutiques.

La stratégie de diversification du groupe, qui cherche à devenir une entreprise de santé, est acceptée, parfois difficilement, par les salariés. Dans le passé, la gamme de produits en vente libre, comme du dentifrice, était très développée mais le chiffre d'affaires ainsi récolté était réinvesti dans le médicament. Aujourd'hui, c'est la logique inverse qui prévaut : se retirer du médicament, activité risquée, pour se concentrer sur ce qui est le plus rentable et augmenter l'argent reversé aux actionnaires.

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