L'évolution des effectifs dans l'activité vaccins est liée aux choix faits dans la production, l'arrêt ou au contraire le développement de certains produits. Le reclassement des salariés concernés ne sera toutefois pas systématique car les métiers peuvent être très différents. C'est le cas par exemple avec l'atelier de répartition des seringues, qui va être arrêté et pour lequel, malgré les demandes répétées des organisations syndicales, aucune formation n'a été offerte à ceux qui y travaillent durant leur carrière pour leur permettre d'obtenir un poste dans un autre service. Leur employabilité ailleurs dans l'entreprise est donc limitée.
Le coût du travail est un des éléments de la compétitivité mais ce n'est pas le seul : il représente environ un tiers du coût de revient des productions, qui constitue lui-même un tiers du chiffre d'affaires. Le coût du travail pèse donc un peu moins du dixième du chiffre d'affaires. Sa portée n'est pas négligeable mais il n'est pas le déterminant majeur de la compétitivité. Celle-ci comporte d'autres aspects qui sont, à mes yeux, bien plus importants : comme l'innovation ou la qualité de la production. L'usine de Sanofi en Inde a pendant plusieurs années été dans l'impossibilité de produire quoi que ce soit et les surcoûts qui en résultaient ont pesé sur la production française.
La problématique de la pénétration des nouveaux marchés concerne tout particulièrement les vaccins et elle est, dans ce domaine, spécifique. L'exportation se fait par des marchés publics, sous la supervision de l'OMS ou d'autres organisations internationales. La question du coût du travail est donc secondaire, comme le montre l'augmentation du prix du vaccin contre la rougeole que la direction cherche à négocier.
Il faut répondre au risque de délocalisation du siège en cas de vote d'une loi et d'application d'une régulation plus stricte par une action au niveau européen et non au niveau uniquement national. C'est la raison pour laquelle le comité d'entreprise européen de Sanofi se rendra au Parlement européen le 15 janvier prochain.
Les pistes que nous vous fournissons concernant un prochain texte de loi prennent en compte ce problème et ne peuvent être contournées par la délocalisation d'un siège. Même si celle-ci a lieu, cela n'aura aucune conséquence sur les critères économiques en matière de licenciement tels que nous les proposons. Au contraire, nos suggestions font obstacle à une telle manoeuvre car la délocalisation signifierait que des emplois seraient supprimés alors que l'entreprise réalise des bénéfices et verse des dividendes.
Certains nous expliquent qu'il n'est pas possible de définir le licenciement boursier. Nous ne sommes pas d'accord : si la loi est rédigée correctement, elle ne sera pas contournée. Je dois avouer qu'il est difficile de comprendre les obstacles auxquels nous devons faire face sur ce sujet de la part des appareils politiques et syndicaux. Cette loi est indispensable et possible. Les structures nationales sont en décalage avec cette réalité. La légitimité que nous confère l'adhésion de la population et la représentation des militants et des adhérents doit nous inciter à agir vigoureusement pour qu'une telle loi voie le jour dans les plus brefs délais.