Il est intéressant de mettre en perspective vos propos avec ceux que les membres de l'intersyndicale nous ont tenus à l'instant, et dont la teneur était différente. Vous vous dîtes ouvert au dialogue social : pourquoi, alors, refusez-vous une réunion tripartite entre les organisations syndicales, le Gouvernement et la direction ? Cela permettrait d'aboutir à un langage commun, et d'éviter la diffusion d'informations erronées.
Vous affirmez qu'il ne s'agit pas de supprimer des emplois, qu'il n'y aura que des départs volontaires. Il est difficile, d'abord, d'évaluer dans quelle mesure ces départs sont vraiment volontaires. N'avez-vous pas fait le bilan des restructurations que vous avez déjà opérées par le passé ? En 2009-2010, quatre sites ont été fermés, et un cinquième vendu, avec une suppression de plus de 1 000 postes. A l'évidence, cela n'a pas été utile, puisque vous voulez recommencer.
Vous parlez d'un déficit de recherche, ce que pour ma part, je trouve très inquiétant. Comme je ne crois pas - pas plus que vous - que nos chercheurs soient moins performants que les chercheurs étrangers, je me demande si ce déficit n'est pas dû à la baisse des crédits que vous allouez à la recherche : les dividendes pour les actionnaires ont plus que doublé en sept ans, alors que le pourcentage du chiffre d'affaires consacré à la recherche est passé de 17 % en 2008 à moins de 15 % en 2011, et on parle, pour 2015, d'un pourcentage de l'ordre de 11,9 %. Peut-être faudrait-il faire le lien...
Vous avez évoqué le site de Gentilly, que je connais bien. Je suis très heureuse que Sanofi, qui a toujours une place très importante dans cette ville, continue à s'y développer. Mais il s'agit essentiellement d'un regroupement d'autres sites : il n'y a donc pas développement de l'emploi mais redéploiement.
Les élus de la Nation que nous sommes ont, vous le comprendrez, à faire valoir un certain nombre d'exigences, car vous bénéficiez d'argent public, ce qui appelle des contreparties sérieuses en terme d'emploi, et en matière de recherche : vous touchez à ce titre plus de 54 millions d'euros d'aide publique. Une entreprise comme Sanofi ne peut, dans ces conditions, parler de fermeture de sites, de restructuration, qui me semblent essentiellement destinées à faire des économies au profit des actionnaires au détriment des salariés, et donc de l'industrie pharmaceutique, c'est-à-dire, plus globalement, de la santé publique.