En effet. Nous avons les moyens d'assurer la pérennité industrielle et scientifique de Sanofi en France. Nous sommes aussi en plein malentendu, avec cette image dégradée dont nous souffrons.
Ne regardons pas notre situation actuelle uniquement à travers le prisme de nos collaborateurs de Montpellier. Une partie d'entre eux, environ 20 %, est inquiète car les activités de recherche vont être transférées ailleurs, mais le reste du site restera en activité et va même devenir un centre de développement international de Sanofi. Une partie des collaborateurs des sites de Toulouse et Montpellier vit très mal la situation, mais la plupart de nos salariés sont dans l'expectative. C'est pourquoi nous devons accélérer le rythme de nos négociations avec les partenaires sociaux.
Il n'y a pas de fermeture de site aujourd'hui. L'un d'entre vous a évoqué une fermeture de site il y a trois ans. S'il s'agit de Romainville, ses activités se trouvent aujourd'hui à Vitry, qui devient un centre extrêmement moderne de technologie : c'est l'intérêt de nos collaborateurs. Il s'agit en outre d'un petit site de 160 personnes et les partenaires sociaux ne sont pas en désaccord avec notre action. S'agit-il de Neuville, dans la région de Lyon ? Ce site chimique est en voie de transformation en site de production de vaccin contre la dengue, virus qui affecte les pays les plus pauvres. Beaucoup de pays nous auraient déroulé un tapis rouge et accordé beaucoup d'argent pour investir dans un tel site, la Corée et Singapour notamment. Nous avons fait un choix d'entreprise citoyenne, un pari à 350 millions d'euros que nous avons pris avant même d'avoir la certitude que le vaccin aurait l'autorisation de mise sur le marché.
Etant un ancien de la maison - j'ai travaillé longtemps avec Jean-François Dehecq, avant l'arrivée de Christopher Viehbacher -, je sais que des sites de recherche ont été fermés à Bagneux et à Rueil-Malmaison. Les décisions ont été prises en 2000 et les sites ont été fermés en 2010.
Pourquoi me croiriez-vous ? Regardez ce que nous avons fait, ce qui fonctionne ou pas. Nous avons lancé un plan de restructuration en recherche et développement il y a trois ans, axé principalement sur la partie développement, celle qui répond à la question : une fois la molécule isolée, comment fabriquons-nous un médicament ? Montpellier est en passe de devenir un centre international de recherche et développement. Autre succès, la transformation de la pharmacie chimique de Neuville en pharmacie de biotechnologie ou pharmacie du vaccin. Nous avons également un site de production chimique à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, de même qu'un très grand site traditionnel à Vertolaye, à côté de Clermont-Ferrand. Dans ces deux sites, nous investissons 150 millions pour que la production chimique intègre les biotechnologies. Les réorganisations récentes ont donc abouti et atteint leurs objectifs.
Enfin, les médicaments que nous sommes appelés à développer seront radicalement nouveaux. Demain, nous ne soignerons pas le diabète, l'hypertension ou le cancer comme hier. Nous n'avons pas commercialisé de médicaments depuis dix ans. Nous en avons un certain nombre dans notre portefeuille, mais le profil des médicaments à venir est clairement un profil de rupture. En d'autres termes, nous ne sortons plus de « me too »: pour accéder au marché, il faut innover.
Si nous avions envie de partir, croyez-vous que nous nous engagerions dans un processus de réorganisation qui va rassembler plus de 3 000 collaborateurs sur le site de Val de Bièvre ? Vous savez que les choses n'étaient pas gagnées puisque j'ai rencontré un certain nombre d'élus, dont Mme Patricia Tordjman, que nous-mêmes avons dû convaincre nos actionnaires de rester à Gentilly. Non seulement nous ne fermons pas de site industriel, mais nous n'en fermerons ni dans les mois ni dans les années à venir. Nous nous engageons à rendre la recherche efficace pour que demain, nous ayons des molécules innovantes et qu'il soit possible de les fabriquer sur nos sites de production industrielle. Le rapatriement des centres de décision du vaccin, ou de Mérial santé animale ne va pas de soi. De nombreux pays nous conseillent de placer nos centres de décision ici ou là et nous questionnent sur le niveau des infrastructures à Lyon pour leurs cadres internationaux. Le sénateur Gérard Collomb, qui oeuvre avec efficacité dans ce sens, en sait quelque chose. Voilà les signaux concrets et palpables que nous pouvons vous donner.
Concernant les actionnaires, je n'ai pas inventé le monde dans lequel nous vivons. Notre actionnariat, très dispersé, a besoin d'être rémunéré.