Entendons-nous sur la définition de l'égalité des chances. J'ai travaillé sur l'égalité entre les hommes et les femmes : il s'agissait là d'égalité pure, non d'égalité des chances. Cette dernière notion part d'un constat d'inégalités de départ, et vise à les neutraliser pour que chacun suive le parcours de son choix. C'était l'objet, par exemple, des modules de formation spécifiques que j'ai mis en place, dans une vie professionnelle antérieure, à l'attention des Réunionnais désireux de partir travailler dans des entreprises métropolitaines comme la RATP ou la SNCF. Voilà la conception de l'égalité des chances que j'aurai à coeur de promouvoir en tant que déléguée interministérielle.
La question du rattrapage des outre-mer se pose dans ce cadre. La Délégation a vocation à travailler avec les ultramarins installés dans l'hexagone, car les résidents des outre-mer relèvent de la prérogative du ministère de l'outre-mer. Cela étant, nous pouvons aider les ultramarins présents en métropole à accéder à de brillantes études : nous avons pour cela un certain nombre de dispositifs, comme « nos outre-mer ont du talent », que nous étendrons prochainement à des populations moins diplômées. Nous sollicitons nos réseaux de chefs d'entreprise et les incitons à les aider à devenir eux-mêmes des chefs d'entreprise compétents, innovants, audacieux, et le cas échéant à revenir outre-mer pour faire bénéficier d'autres personnes de leur retour d'expérience.
Il y a des données chiffrées sur les ultramarins, ne serait-ce que parce que le recensement relève le lieu de naissance. Elles sont toutefois très peu exploitées. Un document INSEE Première sorti au début de l'année fait le point sur la situation des ultramarins en métropole : leur taux d'activité est comparable, voire supérieur, à celui des métropolitains. Toutefois, une analyse plus fine fait apparaître qu'à diplôme égal, les ultramarins occupent des postes inférieurs à leur niveau de qualification. Il y a là une forme de discrimination indirecte qu'il serait bon de corriger. D'où le travail d'accompagnement des personnes en difficulté d'insertion mais aussi de sensibilisation des acteurs du service public de l'emploi aux questions de discrimination.
En matière de logement, l'Insee souligne la situation défavorable des ultramarins : seuls 30 % des Antillais et 40 % des Réunionnais sont propriétaires, contre 57 % en moyenne dans l'hexagone. En outre, un Réunionnais sur six vit dans un logement surpeuplé, comme un Antillais sur quatre, et la proportion est bien plus élevée pour les Mahorais. Même si les Antillais sont surtout installés en Île-de-France, il n'en demeure pas moins que les logements auxquels peuvent accéder les ultramarins ne sont pas adaptés à la taille de leurs familles. Il faut approfondir la connaissance du phénomène pour pouvoir y faire face.
L'accès au logement des étudiants ultramarins est un vrai sujet. Je n'ai pas de données à vous communiquer. En revanche, j'ai interpellé le Défenseur des droits : il est tout disposé à ouvrir les statistiques de ses saisines à l'Observatoire que j'ai mentionné, pour améliorer notre connaissance de ce problème.
LADOM, installée en métropole ainsi que dans les outre-mer, dépend entièrement du ministère des outre-mer. Je ne saurais me prononcer sur son avenir. Toutefois, j'ai eu l'occasion de travailler avec eux dans le passé, et connais ses dirigeants. Je suis d'accord avec vous pour dire qu'une mobilité se prépare, et qu'elle s'accompagne. Dans le cadre d'un partenariat avec LADOM et le RSMA, la Délégation expérimentera une action consistant à offrir, pour une durée de trois semaines à trois mois, un accueil de type familial aux personnes engagées dans une mobilité-formation ou une mobilité-emploi.
Je partage votre analyse sur la représentativité des ultramarins dans les médias. Nous travaillons à identifier des personnes expertes dont nous pourrions favoriser le passage à l'antenne.