Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie et des finances.
Monsieur le ministre, depuis 1993 et la mise en œuvre du système européen de banques centrales, l’indépendance de la Banque de France a été jugée indispensable – ce qui est extrêmement important – dans le cadre d'une construction européenne qui, dois-je le rappeler, a été rejetée par nos concitoyens lors du référendum de 2005.
Certes, la Banque de France est indépendante – elle ne peut effectivement pas faire fonctionner « la planche à billets » pour répondre aux besoins de liquidité de l'État –, mais elle est aussi une institution dont le capital appartient à l’État, qui peut la charger de missions d’intérêt général, aux termes de certaines dispositions du code monétaire et financier.
Le Président de la République, M. François Hollande, a déclaré à plusieurs reprises que son adversaire principal était le monde de la finance, ce qui a notamment permis le rassemblement du 6 mai dernier. Les membres du groupe CRC partagent cette prise de position et la portent avec force et détermination.
Aussi semble-t-il totalement incompréhensible que, dans ce climat, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, entende réduire de manière drastique les effectifs de cet établissement qui, rappelons-le, est un service public. Peut-on parler de réduction quand il s'agit de la suppression de 2 000 postes ?
Oui, ce sont 2 000 postes qui vont manquer dans les succursales déconcentrées, rendant notamment plus difficile le traitement des dossiers de surendettement, l’une des missions d’intérêt général confiées à la Banque de France, avec une satisfaction globalement partagée.
Oui, ce sont 2 000 postes qui vont manquer pour affiner l’action de la Banque publique d’investissement, alors même que la qualité de l’information économique dont dispose la Banque de France est une condition nécessaire à l’action du nouvel établissement !
Oui, ce sont 2 000 postes qui vont manquer, alors même que les missions essentielles de sécurité des moyens de paiement, de connaissance de l’activité de l’ensemble des acteurs financiers comme des milieux économiques de la Banque de France justifient pleinement que l’institution dispose des effectifs nécessaires !
Oui, ce sont 2 000 postes qui vont manquer, alors même que se pose de plus en plus la question de la qualité de la monnaie européenne, que la BCE, la Banque centrale européenne, semble vouloir confier à des entreprises sous-traitantes.
Oui, ce sont 2 000 postes qui vont s’ajouter aux plans de licenciements qui assombrissent l’avenir de milliers de femmes, d’hommes et de leurs familles aux quatre coins de notre pays.
Monsieur le ministre, que comptez-vous faire face au plan Noyer de déstructuration de la Banque de France ? Allez-vous convoquer une table ronde avec les personnels, dont nous soutenons la lutte, et l’ensemble des parties prenantes ?
Il est temps que cesse cette logique tueuse d’emplois qui, de Florange à la Rue de la Banque, d’Aulnay-sous-Bois à Petit-Couronne, de Sanofi aux 3 Suisses, méprise l’intérêt général. §