Merci beaucoup, madame la sénatrice, pour votre question qui montre l’ensemble des défis auxquels la communauté internationale se trouve confrontée en Syrie, pays où, vous l’avez rappelé, se joue un drame d’abord humanitaire.
Près de 40 000 Syriens sont morts dans des conditions parfois d’une extrême atrocité, parce qu’un régime a décidé de martyriser son peuple pour se maintenir au pouvoir ; 500 000 syriens ont été déplacés et se retrouvent dans un état de très grande précarité ; au moment où nous parlons, ce sont entre 2 millions et 4 millions de Syriens qui risquent d’être exposés à un drame humanitaire. C’est dire l’ampleur de la difficulté humanitaire à laquelle on se trouve confronté dans ce pays et cette région.
Malgré cela, il y a aujourd’hui des raisons d’espérer – d’espérer avec prudence, mais d’espérer.
D’abord, la situation militaire s’est considérablement modifiée. La coalition nationale syrienne s’est dotée de moyens militaires désormais coordonnés par un chef d’état-major qui mène les opérations avec une efficacité qui a conduit les troupes de la coalition nationale syrienne jusqu’aux portes de Damas. La très forte pression exercée militairement par ces troupes sur le gouvernement de Bachar El Assad est telle qu’un certain nombre de pays qui soutenaient le régime – je pense notamment à la Russie – commencent à considérer que le départ de Bachar El Assad, en raison de la pression militaire et diplomatique qui s’exerce sur lui, pourrait devenir demain inéluctable.
Cette situation militaire est de nature à permettre un approfondissement des discussions et des échanges diplomatiques, une augmentation des pressions qui s’exercent sur le régime, de manière à pouvoir faire en sorte que, comme nous le souhaitons depuis longtemps, il quitte le pouvoir.
Bien entendu, cela ne pourra se faire, et vous avez raison de le dire en ces termes, si nous ne multiplions pas les initiatives pour rendre cette pression insupportable, pour qu’elle oblige l’actuel pouvoir à partir. C’est ce que nous faisons.
Nous l’avons fait en étant les premiers à décider de la mise en place d’une aide humanitaire pour les conseils civils révolutionnaires.
Nous le faisons en ayant été les premiers à avoir reconnu la coalition nationale syrienne. Vous vous interrogiez sur le fait de savoir si nous allions la reconnaître comme un gouvernement alternatif légitime. C’est déjà fait !
Nous avons voulu entraîner dans notre sillage les pays de l’Union européenne, et nous avons commencé à le faire avec succès. La conférence des amis du peuple syrien, à laquelle vous faisiez référence tout à l'heure, a permis à un très grand nombre de pays, dont les États-Unis à quelques heures de l’ouverture de cette réunion, de reconnaître à leur tour la coalition nationale syrienne. Dès lors que cette coalition s’est rassemblée, qu’elle s’est dotée d’un leadership fort, nous sommes sur le bon chemin.
Il faut donc maintenir cette pression, continuer à aider sur le plan humanitaire, multiplier les initiatives politiques pour que les pays qui hésitent encore à nous rejoindre au sein du Conseil de sécurité le fassent, et veiller à ce que tout cela soit fait en étroite liaison avec les pays de la région, afin d’éviter la déstabilisation que vous avez pointée dans votre question comme un risque réel. §