Monsieur le président, monsieur le ministre des affaires étrangères, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, compte tenu du temps très court qui m’est imparti, je souhaite d’emblée, et en toute responsabilité, apporter mon entier soutien à l’initiative prise par la France au Mali.
Je salue cette intervention, parce qu’elle s’est produite juste à temps pour que ce pays soit en mesure de résister contre le processus de conquête du Sud clairement engagé par des groupes terroristes en vue de la prise du pouvoir central et de l’instauration d’une république islamique.
Je reconnais sa légitimité, d’autant plus forte qu’il s’agit du Mali, pays avec lequel la France entretient des relations étroites pour des raisons historiques, culturelles et communautaires, au regard de l’importance de la diaspora malienne sur notre territoire.
Cette légitimité est aussi d’ordre géostratégique, car, ne l’oublions pas, le territoire du Mali a une position toute particulière sur le continent africain.
Mon soutien s’explique aussi par le fait que l’intervention de nos militaires, dont nous devons saluer l’engagement et le courage à s’exposer pour défendre les valeurs qui sont les nôtres sur ce nouveau théâtre d’opérations, s’est faite dans le respect des cadres politique et juridique.
En effet, c’est le président par intérim de la République malienne, le professeur Traoré, qui a sollicité notre intervention militaire pour stopper l’avancée des djihadistes. Par ailleurs, notre intervention est confortée par sa légitimité internationale incontestable, dès lors qu’elle intervient dans le cadre de la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU et dans le respect des termes de notre Constitution.
Si, comme vous le voyez, monsieur le ministre, mon soutien est sans ambiguïté, je me permets de penser que l’urgence de notre engagement militaire au Mali doit aussi nous pousser à réfléchir à deux faits importants.
Peut-être avons-nous sous-estimé les forces, les moyens et les capacités de lutte de ces groupes armés ?
Peut-être n’avons-nous également pas voulu croire à leur faculté de jouer, en dépit de leurs nombreuses divergences, le jeu de l’union et de la solidarité, puisque ces trois groupes, AQMI, le MUJAO et Ansar Eddine se sont battus, tous ensemble, pour repousser au sud la ligne de front et conquérir Sévaré ?
Il me semble, monsieur le ministre, que ces considérations doivent inciter la France à la plus haute vigilance, dans un certain nombre de régions du monde où les terrorismes, rampants ou actifs, masqués ou dévoilés, sont capables de s’unir pour le pire en vue de déstabiliser les régimes démocratiques et d’ouvrir la voie à l’islamisation politique.
Il m’apparaît enfin, monsieur le ministre, que nous devrons être attentifs aux risques de renforcement ou de radicalisation des mouvements terroristes à l’œuvre au Mali, en réaction à notre intervention, et à l’aléa, inhérent à toute action militaire, de l’enlisement. Pour l’éviter, il conviendra, me semble-t-il, qu’outre son indispensable intervention militaire, la France fasse tout ce qui est en son pouvoir pour favoriser, sans ingérence, la résolution du problème politique et institutionnel malien. Elle pourra, elle devra le faire avec l’assentiment et le soutien de nos partenaires européens.