Intervention de Nicole Pot

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 31 janvier 2013 : 1ère réunion
Femmes dans le secteur de la culture — Audition de Mme Nicole Pot inspectrice générale des affaires culturelles haut fonctionnaire à l'égalité des droits au ministère de la culture et de la communication

Nicole Pot :

Je suis très honorée de votre invitation. La question de la place des femmes dans le secteur de la culture, dont beaucoup considèrent qu'il est sans préjugés et sait aller de l'avant, pourrait sembler réglée. Il n'en est rien, comme l'ont révélé les rapports sur le spectacle vivant publiés en 2006 et 2009 par Reine Prat, qui font apparaître la faible part réservée aux femmes dans les institutions culturelles labellisées. Ces conclusions ont été à l'origine de la création des collectifs hommes-femmes que vous avez évoqués, et qui visent, selon une belle et forte formule, à « rendre visible l'invisible ».

C'est bien à quoi vise, aussi, l'action du ministère. C'est ainsi que j'ai été chargée de mettre en place un observatoire de l'égalité dans le domaine de la culture et de la communication. Il ne s'agit pas là de créer une nouvelle structure, mais de produire un état des lieux, document destiné à être rendu public et mis à jour régulièrement ; j'espère que sa première version pourra être remise à la ministre fin février.

Les premiers chiffres dont nous disposons, et qui concernent tant les administrations centrales et déconcentrées que l'ensemble de la sphère culturelle, confirment les observations de Reine Prat.

Pour le ministère stricto sensu, ces chiffres sont proches de ceux qui prévalent dans l'ensemble de la fonction publique : 25 % de femmes seulement aux postes de direction générale. Dans les établissements publics, nombreux à dépendre du ministère de la culture, et dont je précise qu'ils ne sont pas tenus aux exigences de la loi Sauvadet, seules 22 % de femmes occupent des postes de président exécutif ou de directeur général. Elles sont 26 % dans les structures labellisées dédiées au spectacle vivant, mais moins de 10 % dans les centres de création musicale, les opéras, les centres dramatiques, les pôles cirque. Sur les cinq entreprises de l'audiovisuel public, en revanche deux femmes occupent les fonctions de présidente.

En deçà, soit dans les comités de direction, elles comptent pour un tiers environ, étant entendu que nous n'avons pas encore fait le point pour les comités exécutifs des entreprises de l'audiovisuel, mais que la lecture de la presse laisse penser que les hommes y sont nombreux. J'espère colliger toutes les informations nécessaires d'ici à la fin du mois de février.

Notre observatoire a l'ambition d'examiner non seulement les modes de gestion des établissements, mais aussi leur programmation, ou leurs acquisitions, pour les Fonds régional d'art contemporain (FRAC), afin de mesurer la place faite aux femmes artistes dans l'ensemble de la création. Les chiffres pour les années 2011 et 2012 font apparaître que cette part est inférieure à 30 %. Les oeuvres d'artistes féminines n'ont représenté en 2011 que le quart des acquisitions des FRAC. Quant aux subventions accordées aux structures labellisées spectacle vivant, elles sont inférieures de 52 %, pour les femmes, à celles accordées aux hommes, situation qui n'est pas sans corrélation avec la taille des institutions culturelles dirigées par des femmes. Bref, le tableau général est inquiétant.

J'en viens aux écarts de rémunération constatés à caractéristiques d'emploi équivalentes. En 2010, le salaire moyen des femmes était inférieur de 8 % à celui des hommes dans les établissements publics, de 15 % dans l'audiovisuel, et de 20 % dans les entreprises culturelles privées. L'effet d'âge et le type d'emploi occupé expliquent certes une part de ces écarts, mais une part seulement. Au sein du ministère même, les écarts restent significatifs. Que tel soit le cas au sein de la sphère publique peut surprendre...

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