Intervention de Nicole Pot

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 31 janvier 2013 : 1ère réunion
Femmes dans le secteur de la culture — Audition de Mme Nicole Pot inspectrice générale des affaires culturelles haut fonctionnaire à l'égalité des droits au ministère de la culture et de la communication

Nicole Pot :

Ou la cuisine, pour les grands chefs. Les femmes, dans le secteur musical, sont également très peu nombreuses dans les instances dirigeantes.

Dans le domaine du patrimoine, elles n'occupent que 20 % des postes de direction de musées. Alors que parmi les élèves des écoles d'art, ou à l'institut national du patrimoine, elles sont très nombreuses, tel n'est plus le cas au bout du parcours.

Pour le cinéma, sur lequel je souhaite que nous travaillions, le nombre de réalisatrices serait de l'ordre de 20 %. Alors qu'elles sont nombreuses parmi les élèves de la Fémis, on n'en retrouve plus guère dans les sélections des festivals les plus prestigieux.

A quels obstacles se heurtent les femmes ? Le premier est évidemment culturel, lié à la place à laquelle la société les a longtemps assignées, en même temps qu'aux représentations portées par le cinéma, la publicité, les médias et la culture en général. Les stéréotypes ont ainsi la vie dure, y compris chez les jeunes femmes, qui ont tendance à s'autocensurer. Beaucoup se sous-estiment. Leurs doutes peuvent les conduire, par exemple, à renoncer à postuler à la tête d'une instance culturelle.

L'éducation nationale contribue aussi à forger ces doutes. Il est fondamental d'agir, et tel est bien le sens du communiqué du comité interministériel à l'égalité, qui prévoit beaucoup d'actions en ce domaine. Les médias, et la télévision en particulier, jouent aussi un rôle important, comme en témoigne le rapport de Brigitte Grésy sur l'image des femmes dans les médias.

Pour faire évoluer les choses, il faut donc travailler sur l'ensemble de ces facteurs. Le programme d'action validé par le ministère de la culture et de la communication au sein du comité interministériel s'est fixé des orientations. Faire le point, tout d'abord, pour frapper les esprits, car révéler ce qui s'apparente à un scandale, c'est la meilleure façon de mobiliser. Constituer un vivier, ensuite, dans les administrations et l'ensemble de la sphère culturelle, en travaillant avec l'ensemble des écoles d'enseignement supérieur dans le domaine de la culture, incitées à inscrire des actions de sensibilisation dans leurs programmes. Il s'agit, d'une manière générale, de trouver des leviers d'action pour changer les choses, en privilégiant l'incitation et la voie contractuelle. Les conventions signées par les organismes sous tutelle ou subventionnés devraient comporter des clauses visant la promotion de l'égalité, assorties d'indicateurs précis, aux termes desquelles ces institutions s'engagent à faire évoluer la situation. Autant il serait fort difficile d'imposer un objectif de parité à deux ans, autant il est urgent d'imposer une réflexion sur les moyens et d'exiger des progrès. Un paragraphe relatif à l'égalité pourrait également être introduit dans les lettres de mission des directeurs d'établissements publics.

La ministre a voulu lancer un cycle de « saisons de l'égalité », et demandé à chaque responsable d'institution culturelle de s'y associer pour proposer un programme national public. Dès cette saison, en dépit des délais de programmation, nous voulons engager une action significative, dans les domaines des médias, de la télévision, du théâtre, de la musique. Les dirigeants de ces institutions mettent certes en avant la liberté de programmation, mais la gageure est bien de parvenir à concilier le respect de cette incontournable liberté avec des orientations volontaristes.

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